Nous manquons de médecins ce qui entraîne un manque de disponibilité et des difficultés pour obtenir des rendez-vous.
Par ailleurs, leur mode d’exercice, trop souvent individuel, même quand ils se regroupent dans des structures dénommées maison de santé pluriprofessionnelle, ne leur permet pas de se doter d’outils techniques pour réaliser des examens simples, ce qui oblige les patients à se diriger vers les urgences.
Dans ce système libéral reposant sur la liberté d’installation, la nature a horreur du vide.
Certains l’ont bien compris, notamment des investisseurs qui considèrent la santé comme une activité marchande. Leur particularité est leur capacité d’adaptation et ils ont compris que l’appellation centre de santé avait une image très positive auprès des patients, liée à leur mode de fonctionnement, permettant de bénéficier sur place d’une prise de sang, de soins infirmiers et parfois d’examens radiologiques.
Tout cela sans avance de frais puisqu’ils pratiquent le tiers payant et sans dépassement d’honoraires puisque les personnels sont salariés.
Nous avons ainsi vu apparaître des centres dentaires et ophtalmologiques dont les dérives ont été rapidement visibles. Multiplication d’examens et de traitements inutiles et parfois effectués par des professionnels incompétents qui, dans le domaine dentaire, ont « massacré » des patients.
Sont apparus ensuite des centres offrant des consultations sans rendez-vous pour les petites urgences dont l’implantation a été largement favorisée par les pouvoirs publics.
Là aussi, les premiers scandales apparaissent, notamment au sein de la structure dénommée COSEM dont les dirigeants sont accusés de détournement de fonds publics.
La question qui se pose est celle de savoir s’il s’agit de fraudes isolées ou si le problème est plus profond.
En fait, ces dérives étaient prévisibles et leur origine est systémique. Elle est directement liée aux choix politiques du gouvernement qui distribue très largement des autorisations d’exercice à des investisseurs financiers.
Suffirait-il alors de contrôler leur probité ? Non, car dans un marché concurrentiel, l’objectif des actionnaires reste toujours d’obtenir le meilleur retour sur investissement, ce qui est antinomique avec la qualité de service exigée dans le domaine de la santé.
« La santé n’est pas une marchandise » n’est pas un simple slogan car le rôle des soignants est de rechercher les meilleurs moyens pour répondre aux besoins des patients sans être limité a priori par des contraintes financières.
Cela ne veut pas dire qu’il est possible de dépenser sans compter, mais simplement que les comptes se font a posteriori pour s’assurer que les moyens ont été bien utilisés.
Il est donc urgent de modifier radicalement cette politique avec une exigence qui est d’exclure les activités marchandes du domaine de la santé.
Il s’agit de la seule solution car les seuls contrôles avant ou après l’ouverture de ces structures aboutiront toujours au même constat qui est celui d’un pillage des ressources de la sécurité sociale, auquel s’ajoute des coûts supplémentaires pour les patients pour des services de piètre qualité au regard des sommes exigées.
Dr Christophe Prudhomme