Depuis plus de 30 ans, les réformes concernant notre système de santé et plus particulièrement l’hôpital se sont enchaînées et ont créé de multiples instances qui se sont empilées, rendant complètement opaque les processus décisionnels.
Cela a commencé par la fin de l’administration d’Etat avec des directions ministérielles dont les responsabilités étaient clairement identifiées.
Elles ont été remplacées par de multiples agences dont les statuts sont particulièrement opaques avec des responsables de moins en moins souvent fonctionnaires et issus de plus en plus du monde de l’entreprise, avec des allers-retours entre le public et le privé qui peut faire légitimement douter sur leur engagement au service de l’Etat.
C’est notamment le cas des ARS, mais aussi de la HAS ou encore de Santé Publique France dont le fonctionnement lors de l’épidémie de la COVID laisse songeur, notamment en ce qui concerne l’achat des vaccins, des tests et des antiviraux.
Au niveau de la gestion des hôpitaux, la situation est encore plus complexe.
Le conseil d’administration dont les responsabilités politiques étaient claires a été remplacé par un conseil de surveillance qui ne peut plus donner que des avis, tandis que le directeur investi de tous les pouvoirs est assisté par un directoire dont il nomme les membres qui lui doivent donc allégeance au risque de perdre leurs postes.
Au niveau de la représentation des personnels, le comité technique d’établissement est devenu un comité social et économique avec la suppression du comité d’hygiène et de sécurité au travail, ce qui a permis de rogner ses prérogatives.
Mais cela n’était pas encore suffisant pour réduire la représentativité des syndicats. Ont été ainsi mis en place les commissions de soins infirmiers, de rééducation et médico-sciaux permettant ainsi au directeur d’opposer les catégories socio-professionnelles entre elles en survalorisant les approches catégorielles corporatistes.
A cela s’ajoutent les commissions des usagers qui constituent en théorie une avancée concernant les droits des patients mais qui dans les faits fonctionnent en autarcie et n’ont aucun réel pouvoir sur le fonctionnement quotidien de l’hôpital.
Il faut bien comprendre que la multiplication des structures ne permet plus de débat sur les questions essentielles que sont notamment le budget et le projet d’établissement.
Par ailleurs, la division de la représentation des différents acteurs permet de vider les instances de tout pouvoir de décision en les cantonnant à la simple émission d’avis. Avis que le directeur n’est pas obligé de suivre !
Il est urgent de rétablir une véritable démocratie à l’hôpital et aux autres étages de notre système de santé qui ne peut fonctionner que dans le cadre d’un équilibre entre différents pouvoirs.
A l’hôpital, un conseil d’administration doté d’un véritable pouvoir de décision sur la gouvernance de l’établissement doit être rétabli en face du directeur.
Au niveau régional et national, remettons en place une administration d’Etat simplifiée et transparente, sous le contrôle des élus et des représentants des travailleurs.
Dr Christophe Prudhomme