Pour les plus jeunes la Sécu reste une machinerie obscure qui leur a toujours été présentée comme un gouffre financier avec le fameux « trou », justifiant dans les discours des différents gouvernements qui se sont succédés depuis maintenant 40 ans des plans d’économie drastiques.
Plus récemment, le ministre de l’économie a annoncé un nouveau plan de restriction budgétaire avec une nouvelle saignée fixée à 10 milliards d’euros. Il est donc utile d’apporter quelques éléments d’explication pour mieux comprendre la situation, ce d’autant que les conséquences de ces restrictions budgétaires se font lourdement sentir pour les assurés sociaux, avec un système de santé à l’accès de plus en plus difficile tant en ville qu’à l’hôpital et des restes à charge de plus en plus importants, notamment du fait de l’augmentation du coût des assurances maladie complémentaires.
Lors de la présentation de la certification des comptes de l’Assurance maladie un certain nombre de chiffres ont interpellé les représentants des assurés sociaux. Il s’agit notamment du remboursement de la dette gérée par un organisme appelé la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES). Cette dette a explosé récemment car le gouvernement lui a imputé l’intégralité du coût de la crise COVID, soit 136 milliards, alors que dans le même temps pour d’autres secteurs d’activité, notamment les aides aux entreprises, il a pris cette dette à sa charge.
Ainsi l’an dernier 21,1 milliards ont été remboursés aux banques dont 18,3 milliards en capital et 2,8 milliards en intérêts. Cet argent provient des cotisations intitulées sur la fiche de paye CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) et CSG (contribution sociale généralisée), qui de fait est soustrait au financement de la santé pour tomber dans la poche des banques.
Il faut rapprocher ce chiffre du fameux déficit de la Sécu qui a été en 2023 de 10,8 milliards. Donc la Sécu rembourse chaque année deux fois le montant de son déficit et abonde les bénéfices des banques.
Il y a donc une arnaque et un braquage de l’argent de la Sécu par les banques qui va s’aggraver du fait de la hausse des taux d’intérêt, ce qui nous a été confirmé par les responsables financiers de l’institution.
Il est donc totalement justifié de demander que la dette COVID soit reprise par l’Etat et ne pèse pas sur les finances de la Sécu. Cela permettrait d’une part de supprimer le déficit de 10 milliards et les plans d’économie qui en découlent, et d’affecter les 10 milliards dégagés, comme cela avait été envisagé, à la prise en charge de l’autonomie, parent pauvre actuellement du système de protection sociale.
Oui, monsieur Macron, il y a urgence à simplifier la fiche de paye pour que nos cotisations sociales soient inscrites sur une seule ligne avec l’intitulé cotisation Sécurité sociale, et permettent ensuite de payer, comme cela était prévu initialement lors de la création de la Sécu, l’ensemble des prestations, à savoir maladie, vieillesse, famille, accident du travail-maladie professionnelle auxquelles doit s’ajouter aujourd’hui la prise en charge de l’autonomie.
Dr Christophe Prudhomme
2 réflexions au sujet de « Les vrais comptes de la Sécu »
pas d’accord avec la position « oui, monsieur Macron, il y a urgence à simplifier la fiche de paye pour que nos cotisations sociales soient inscrites sur une seule ligne avec l’intitulé cotisation Sécurité Sociale…..;; ».
Dans la situation actuelle d’offensive généralisée du gouvernement Macron pour mettre à bas les droits sociaux dont la Sécu, c’est donner du crédit au projet gouvernemental de simplification de la feuille de paie annoncé il y a quelques semaines, pour mieux camoufler aux yeux des salariés la réalité de la composition du salaire et justement les baisses de cotisations sociales au profit du patronat. Aucune simplification du bulletin de salaire!
Excellent ! mais malheureusement, peu écouté en haut lieu