Fermetures de services d’urgence, de maternités, de lits…
Cet été la presse s’est fait l’écho de manière quasi quotidienne des difficultés de fonctionnement des hôpitaux et des décès qui en sont la conséquence, comme ce touriste qui a trouvé porte close aux urgences et qui a été retrouvé mort sur un parking dans son véhicule quelques heures plus tard.
Face à cette situation, le gouvernement essaye de se dédouaner en invoquant le manque de personnels.
Mais la cause de cette situation est liée à la mise au pain sec de l’hôpital qui a entraîné une dégradation des conditions de travail à l’origine d’une fuite des personnels et ce qui est plus grave d’un abandon des métiers.
Ce manque de moyens s’aggrave d’année en année et le gouvernement prépare une Loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) qui non mène tout droit dans le mur.
En effet, la Fédération hospitalière de France, représentante institutionnelle des hôpitaux, considère que du fait de l’inflation et des augmentations de salaires qui en résultent, il manque 3 milliards d’euros pour boucler le budget de 2023.
Par ailleurs, alors qu’il est annoncé une augmentation de seulement 3,2 % des budgets hospitaliers pour 2024, elle réclame une augmentation minimale de 5 %, soit environ 5 milliards d’euros.
Ce n’est pas trop demander car il s’agit de simplement couvrir le prévisionnel d’inflation.
Donc, il faudrait 8 milliards de plus. C’est une somme, mais qui est relativement faible au regard par exemple des bénéfices de l’entreprise pharmaceutique Sanofi qui après avoir engrangé 6,7 milliards en 2022 anticipe une hausse de ses profits en 2023.
Et c’est sans compter sur les entreprises qui ont absorbé les laboratoires indépendants d’analyses médicales et qui ont largement bénéficié de la crise COVID, comme Eurofins, désigné comme le « champion français » de ce secteur, qui vient d’intégrer le CAC 40 et dont le fondateur et actionnaire principal fait maintenant partie du club des milliardaires français.
A cela s’ajoutent les exonérations de cotisations sociales qui atteignent aujourd’hui 74 milliards d’euros et qui ont servi principalement à augmenter les marges des entreprises et non à la création d’emplois ou à l’augmentation des salaires.
Il existe donc une véritable prédation des moyens de la Sécurité sociale et nous ne souffrons pas d’un excès de dépenses mais bien d’un manque de ressources pour notre système de santé. En effet, le problème est ce qui est appelé aujourd’hui la financiarisation du système de santé avec la mainmise du marché sur des pans entiers des activités, non pas dans un objectif d’assurer des missions de service public comme Macron et ses amis essayent de nous le faire croire mais bien pour dégager le maximum de profits sur un secteur d’activité largement solvabilisé par la Sécurité sociale avec des « clients » captifs, car il est insensé de croire qu’il est possible de jouer la carte de la concurrence pour trouver le service ayant le meilleur rapport qualité/prix quand il s’agit de sa santé.
Plus que jamais, il est nécessaire de dire haut et fort que la santé n’est pas une marchandise et que l’hôpital n’est pas une entreprise.
Dr Christophe Prudhomme