L’émergence du variant Omicron a une fois de plus été abordée sur le mode panique avec une interruption brutale des communications avec l’Afrique du Sud, sans aucune prise en compte de l’avis et des besoins de ce pays.
Qu’auraient dit les Bretons lors de l’émergence de leur variant si le gouvernement français avait décidé d’isoler complètement leur région en empêchant tout voyage vers le reste du pays ? Cette réaction brutale des pays riches est caractéristique de cette épidémie qui les touche brutalement et met en lumière leur attitude de mépris pour les pays du Sud.
Mais qu’en pensent les Africains qui ont les pires difficultés à obtenir des vaccins et qui se sont vu refuser la levée des brevets qu’ils réclamaient très justement, forts de leur expérience concernant les médicaments contre le sida ? Une fois de plus, les pays du Nord ont choisi le business en protégeant leur industrie pharmaceutique.
L’argument de la difficulté à fabriquer ces produits est un mensonge et l’Afrique du Sud, tout comme l’Inde, dispose d’usines tout à fait capables d’organiser cette production. Il a été alors mis en place un dispositif de charité, octroyant quelques doses sous la forme d’une aumône ou – douce infamie – en se débarrassant, comme la France, des vaccins AstraZeneca que sa population refusait, à la suite de l’offensive médiatique du concurrent Pfizer pour le discréditer. Heureusement pour l’Afrique, la jeunesse de sa population et son mode de vie très largement tourné vers l’extérieur ont permis de limiter le nombre de cas graves et des décès liés au Covid.
En effet, la réalité de la mortalité en 2020 par les maladies infectieuses dans ce continent est sans appel : 219 000 morts par le Covid, 500 000 par la tuberculose et 627 000 par le paludisme. Les Africains peuvent nourrir un fort ressentiment contre les pays du Nord et leur choix de privilégier le capitalisme contre l’avenir de leurs populations.
Non seulement, on leur refuse l’accès au vaccin contre le coronavirus, mais nous ne constatons pas la même mobilisation que pour le Covid pour mettre au point rapidement un vaccin contre le paludisme, ce qui permettrait de sauver plus de 600 000 personnes chaque année, notamment de nombreux enfants. Attention, nous vivons tous sur la même planète et, n’en déplaise à certains, les frontières ne seront jamais étanches contre les virus et autres microbes.
Dr Christophe Prudhomme