#Billet dur : absence de volonté de réguler l’installation des médecins

Un nouveau ministre arrive et le discours reste le même avec A. Rousseau qui, dès sa prise de poste, déclare refuser « toute contrainte à l’installation des médecins ». En clair, cela signifie que les 7,5 millions de Français, dont plus de 700 000 souffrant d’affections de longue durée, ne sont pas prêts à pouvoir se faire soigner correctement.

Un autre chiffre montre bien la passivité du gouvernement face à ce désastre sanitaire, il s’agit de celui des étudiants signataires d’un contrat d’engagement de service public, c’est-à-dire qui s’engagent en contrepartie d’une allocation mensuelle de 1 200 euros à exercer leurs fonctions, à compter de la fin de leur formation, dans ce qu’on appelle les déserts médicaux pendant un nombre d’année égal à celui pendant lequel ils ont perçu l’allocation et pour 2 ans minimum.

Ils étaient 270 en 2022 et ils ne sont plus que 252 cette année sur un total de 9 500 internes pour l’ensemble du territoire national, soit ce qui est qualifié d’une dose homéopathique pour utiliser une métaphore médicale !

Cette mesure a été mise en place en 2009 dans le cadre de la loi Bachelot et a montré son inefficacité car depuis, les territoires déficitaires à cette époque le sont encore plus aujourd’hui. D’autres mesures dites incitatives nous sont proposées chaque année sans résultat probant car il est clair que comme le marché, le système de la médecine libérale est incapable de s’autoréguler pour répondre aux besoins essentiels des citoyens.

Non seulement le gouvernement bafoue un principe constitutionnel qui enjoint l’État à assurer la santé de la population, mais ce qui est plus grave est qu’il laisse sciemment perdurer le système libéral assis sur la liberté d’installation et la rémunération à l’acte avec des dépassements d’honoraires.

La raison en est simple, pour E. Macron et son gouvernement, la santé ne relève pas du service public mais doit s’ouvrir au marché, l’Etat n’assurant qu’une mission de charité pour les plus pauvres.

Les conséquences de cette logique sont connues car il s’agit du modèle américain avec une espérance de vie qui diminue depuis 2014 et qui est même devenue en 2021 inférieure à celle de la population chinoise. Les prémisses se font déjà sentir en France avec l’an dernier, alors que la surmortalité liée au COVID n’est plus en cause, une surmortalité inattendue de 50 000 personnes dont les causes sont actuellement recherchées mais que certains épidémiologistes attribuent déjà en partie à la dégradation de notre système de santé.

C’est notamment le cas de l’association professionnelle SAMU-Urgences de France, anciennement présidée par l’ex-ministre F. Braun, qui évalue le nombre de morts évitables dans les services d’urgences et les SAMU à près de 2 000 par an. Il est urgent que la population avec les professionnels de santé qui croient encore aux valeurs humanistes de la médecine exigent une réforme structurelle de notre système de santé qui s’appuie sur un service public disposant de centres de santé avec des médecins et des professionnels de santé salariés, justement répartis sur le territoire en lien avec des hôpitaux de proximité, permettant à tout citoyen quel que soit son lieu de résidence sur le territoire de disposer d’un médecin traitant et d’un hôpital doté d’un service d’urgence ouvert 24 h sur 24 à moins de 30 minutes de son domicile.

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