Une étude financée par Santé Publique France, donc par le gouvernement, pointe que les deux tiers des hommes et les trois quarts des femmes présentent au moins un trouble psychiatrique ou lié à une addiction à leur libération de prison.
Par ailleurs, la sévérité des troubles psychiques chez les femmes à la sortie de détention est bien supérieure à celle des hommes. Environ un tiers des hommes sont considérés comme modérément à gravement malade, contre près de 60% des femmes.
Le risque suicidaire est par ailleurs estimé à 28% chez les hommes contre 60% pour les femmes.
Autre constat marquant : la prévalence des traumatismes subis dans l’enfance. Ce sont 98,2% des participants et 99,2% des participantes qui ont été exposés à au moins un traumatisme (négligence ou abus) dans l’enfance.
Enfin, selon les conclusions du rapport, « les résultats plaident en faveur d’une réflexion sur les alternatives à l’incarcération pour les personnes ayant des troubles psychiques ».
Comment comprendre que le gouvernement accélère le plan de création de 15 000 places de prison, alors que l’Observatoire international des prisons et de nombreux exemples étrangers, notamment les Pays-Bas, montrent que la décroissance carcérale apporte de bien meilleurs résultats que la politique répressive que ne fait que se durcir en France.
Pour mémoire, lors du premier quinquennat d’E. Macron 125 infractions punies d’emprisonnement ont été créées ou durcies.
Bref, nous sommes face à une répression tous azimuts, à l’opposé d’une réflexion aussi nécessaire qu’urgente sur la place de la prison dans notre société.
Dans le même temps, la psychiatrie publique est en train de s’effondrer avec plus de 40% des postes de médecins non pourvus dans les hôpitaux.
Le nombre de lits et places ne cesse de diminuer. Il n’est plus officiellement que de 82 000 en 2021 mais en ce début d’été près d’un quart de ces capacités sont fermées par manque de personnels.
De fait, comme le disent les urgentistes, une bonne partie des malades sont en prison ou dans la rue et quand ils viennent aux urgences ils ne peuvent pas leur offrir des soins adaptés et ils poursuivent leur errance avec comme conséquences trop souvent des drames qui pourraient être évités.
Malgré ce constat, le gouvernement poursuit sa politique de réduction des crédits pour les hôpitaux avec un taux d’évolution près de 3 % en-dessous de l’inflation alors que dans le même temps l’argent coule à flots pour les prisons.
Le coût d’une cellule varie entre 150 000 et 190 000 euros et une journée de détention coûte en moyenne 105 euros. Il est temps de s’interroger pour savoir si cet argent ne serait pas mieux employé pour soigner les dizaines de milliers de personnes qui sont actuellement en prison et qui a priori n’ont rien à y faire, sinon d’aggraver leur état de santé psychique mais aussi souvent physique.
Dr Christophe Prudhomme