La création des communautés pluri-professionnelles territoriales de santé (CPTS) et des nouveaux métiers assistants médicaux du plan « Ma Santé 2012 » est, pour l’heure, une coquille vide, une mesure d’affichage pour générer des Tweets. Mais maintenant qu’il est venu de mettre les mains dans le cambouis, c’est compliqué.
Car, au final, on en revient toujours à la même question : c’est qui qui va payer ? L’Etat qui vient d’obérer son pouvoir fiscal pour des années ? L’Assurance Maladie dont on avait soi-disant bouché le « trou ». Alors qu’il n’avait jamais existé, ce trou ?
Surtout que depuis, les mesures @gilets jaunes de « l’Etat d’urgence économique et sociale » sont passées par là : au moins 10 milliards d’euros ! Dès 2019 ! Et sans possibilité de récupérer le moindre financement ; vu que tout cela (prime exceptionnelle, heures supplémentaires sans compensation d’exonérations, sans impôt…) se paiera… sans cotisations sociales.
On aurait voulu légaliser le travail « au noir » qu’on n’aurait pas fait mieux !
Le problème, c’est qu’on vient aussi de voir où cela menait. Au retour du réel en pleine face, des gens humbles devenus jaunes de rage à force de « fine tuning » sournois (#PaieTaPrimeActivité !). Car le vrai sens des mots creux de nos dirigeants leur ont pétés aux oreilles : « il faut que tout change pour rien ne change ». Mais avec cette brutalité sourde et feutrée… c’en était trop !
“Business As Usual”, en plus gros et pour les gros ? Ce n’est donc pas passé. Pourtant, on avait arrosé les belles personnes. Celles qui votent et qui font « bloc bourgeois » (800 M€ en année pleine pour les médecins libéraux depuis leur convention 2016 ; 1,2 Md€ pour les pharmaciens). On a même tenté d’accélérer la ruée des classes moyennes vers les offres d’assurance sur le dentaire sous-couvert de charité compassionnelle. « 100% santé » !
Résultat : les assureurs n’ont pas eu la décence d’attendre pour annoncer leurs augmentations de tarifs… En plus d’être avides, ils sont lourdeaux !
La voilà, la théorie du ruissèlement ? Les classes moyennes ont de quoi être en colère contre les « 1ers de cordée ». C’est clair.
À la Cgt, il nous semble que les dernières années ont manqué de franchise. Et que ces années ont été méchantes avec qui aime la vérité et la normalité des choses qui se porte à l’endroit.
Alors, on va dire les choses encore plus franchement et directement.
Et on va les dire calmement, à commencer, sur les CPTS et les assistants médicaux.
Le monde médical libéral est vieux, les médecins soi-disant libéraux sont vieux : plus de 55 ans en moyenne. Et ils sont vieux et soi-disant libéraux parce qu’ils détiennent le pouvoir de vie et de guérison sur la population.
C’est pour cette raison que l’offre de soins est devenu inégalitaire, chère, agglutinée dans les métropoles et les bords de mer ensoleillé. Le tout subventionné à tous les étages par la Sécu. Et pour des résultats sanitaires moyens.
Combien de temps l’argent des salariés et des assurés sociaux va-t-il soutenir artificiellement la valeur patrimoniale de cabinets libéraux, et l’assurance retraite à la revente qu’elle constitue pour nos vieux médecins ? Car, dans les faits, ce sont des cabinets socialisés, financés par de l’argent socialisé. Rien de libéral là-dedans. Ce ne sont pas de vraies entreprises ! Après tout, ce n’était pas grave tant que tout le monde y gagnait. C’est vrai. Le problème désormais, c’est que tout le monde y perd.
Pour les jeunes et les moins jeunes médecins (dont plus de 60% sont des femmes !) : exercer comme au 19e siècle, ce n’est plus attirant. Les jeunes médecins veulent être salariés. Il faut le dire et le reconnaître. Toutes les études le disent, la médecine libérale est finie.
Le salariat : c’est mieux pour la qualité de l’exercice des médecins, plus adapté à leurs aspirations personnelles, plus efficace et plus sécurisant pour les patients. Car cela permet de mutualiser et donc de faire des économies !
On ne va pas encore déverser des sommes faramineuses (dont on ne dispose d’aucune évaluation) dans le tonneau des danaïdes de la médecine libérale pour, cette fois, financer 4000 assistants médicaux ! Des assistants dont nul ne sait comment ils seront salariés, rémunérés, sous quel statut, dans quel pays ? Ni encore moins ce à quoi ils seront occupés. Il y a assez de niches fiscales pour défiscaliser sont personnel de ménage et sa domesticité
À la Cgt, nous portons un projet alternatif : le maillage méthodique du territoire (à mesure que la médecine libérale va partir à la retraite : cela va aller très vite…) et son remplacement pas des Med-Lab’ (dispensaires Hitech) financés en direct par la Sécurité sociale.
Ces Med-Lab’ seront gérés par de jeunes médecins et des équipes, pluridisciplinaires (dont des gestionnaires affûtées). Et ils seront SALARIES de leur Med-Lab’ (comme cela, tout le monde cotisera et contribuera à son travail et à son salaire).
Ces professionnels seront en nombre et organisés pour assurer les petites urgences : 7 j / H 16. Cela ne coûtera pas plus d’argent que la médecine libérale, qui n’a jamais su s’organiser, avec des résultats et une satisfaction des gens bien meilleurs. Demandez aux patients des centres municipaux de santé s’ils changeraient de structures de soins : vous verrez !
Surtout chaque Med-Lab’ disposera d’un conseil d’administration constitué de membres, pour partie élus par la population du territoire, et pour partie tirés au sort ! Car le Med-Lab’ : c’est aussi l’espoir d’une médecine de proximité bien plus démocratique.
Pour commencer à poser les bases de ces Med-Lab’, nous proposons de localiser les 4000 futurs assistant médicaux de « Ma Santé 2022 » au sein des échelons locaux du service médicaux (ESLM) de l’Assurance Maladie. Les ELSM offrent l’avantage d’exister ; et d’être d’ores et déjà implantés dans des territoires de santé pertinents. Alors ?
Les ELSM sont autant de postes avancés, structurés, organisés, autour desquels nous construirons l’alternative médicale, sociale et solidaire que veulent les populations. Les ELSM disposent déjà de 5000 techniciens médicaux et de 2000 praticiens conseils (dont une majorité de médecins) de grande valeur. Tous ne demandent qu’à exercer des métiers en accords avec leur haute qualification et de remplir la mission sociale et médicale à l’origine de leur vocation.
Alors ne réinventons pas la poudre, rallumons juste la mèche de l’extension de la sécurité sociale au service d’une organisation des soins qui fasse du bien aux gens et aux soignants. Celle-ci ne fera de mal à personne !