Comme son prédécesseur, le nouveau premier ministre a réservé sa première sortie à la visite d’un hôpital.
Mais son approche est encore pire que ce que nous avons connu ces dernières années.
Dans le déni le plus total de la situation critique de l’hôpital qui crève d’un manque de ressources financières et humaines, il annonce qu’il va falloir continuer à faire plus avec moins. Mr Barnier vous êtes le père la rigueur puissance deux, vous ne parlez que de la dette et de la nécessité de faire des économies.
Mais si comme vous le dites « vous êtes d’en bas », il va falloir ouvrir vos oreilles et écouter ce que l’ensemble des professionnels de santé expliquent de la CGT aux directeurs d’hôpitaux : le problème de l’hôpital aujourd’hui n’est pas celui des dépenses mais celui des recettes.
La Fédération hospitalière de France, représentation institutionnelle des hôpitaux qui ne peut être accusée d’être une représentante de la gauche radicale, demande une augmentation budgétaire de 6 % pour 2025 pour simplement assurer le maintien du fonctionnement des hôpitaux et des EHPAD qui accumulent des déficits d’année en année du fait de budgets insuffisants.
Et n’essayez pas de détourner le débat avec les arguments de votre programme quand vous étiez candidat à la primaire pour les présidentielles. Ce n’est pas la suppression de l’Aide médicale d’Etat, ni la suppression de la prise en charge à 100 % des affections de longue durée qui règleront le problème.
Ecoutez les professionnels qui accusent la politique menée depuis plusieurs années et que vous souhaitez poursuivre d’être responsables de «morts évitables», notamment dans les services d’urgence.
La poursuite des restrictions budgétaires pour la Sécu est une politique meurtrière dont il vous faudra porter la responsabilité. Oui, écoutez la France d’en bas qui vous demande d’aller chercher l’argent là où il est en augmentant les recettes.
Il est possible de supprimer notamment les exonérations de cotisations offertes aux entreprises et que des économistes qui ne sont pas eux non plus de la gauche radicale considèrent comme inefficaces pour l’emploi, mais qui par contre gonflent d’année en année les bénéfices et les dividendes versés aux actionnaires.
Le choix est clair entre donner les moyens aux personnels de santé de faire leur travail efficacement et notamment de sauver des vies, ou bien de continuer à enrichir ceux qui sont déjà assis sur des tas d’or planqués dans les paradis fiscaux pour échapper à l’impôt. La colère est grande à l’hôpital. Vous en avez eu un petit aperçu lors de votre visite à l’hôpital Necker samedi.
Vouloir appliquer le programme que vous avez déjà annoncé ne pourra que la faire grandir. Les députés qui ne vous sanctionneront pas par la censure se retrouveront en bonne place sur le mur de honte mis en place par nos collègues des urgences du CHU de Brest.
Il faudra peut-être généraliser cet affichage dans tous les hôpitaux en y inscrivant les noms des responsables de cette dégradation de l’hôpital pour qu’ils soient connus des malades et de leurs proches.
Dr Christophe Prudhomme