Au Conseil du 12 septembre : la hausse des arrêts de travail fait débat

Lors du Conseil du 12 septembre, au regard de l’actualité (article du Directeur Général CNAM dans les Echos du 9/9/24, sur les IJ,), la Cgt est intervenue dès la fin des « communications » du Président et du DG, qui débutent chaque séance.
1/ Sur l’aspect technique, nourrir une communication de multiples chiffres sans les expliciter très précisément entraine des interprétations insidieuses des lecteurs 
– les dépenses IJ augmentent, mais en volume de 1,8% en 2023 et 4,7% au premier semestre 2024. C’est le volume qui nous intéresse : il nous parle des assurés et de la décision des médecins de mettre les salariés en arrêt. Encore faudrait il préciser la notion de volume : est ce que c’est le nombre d’arrêts et de prolongations ou est ce le nombre d’assurés concernés par un arrêt? un assuré peut avoir été arrêté 6 fois dans le semestre (1 arrêt suivi de 5 prolongations).
Si c’est le nombre d’assurés, cela signifie que l’augmentation concerne en 2024 moins de 5 assurés sur 10, ce qui relativise nettement la lecture du sujet.- Sur le volume toujours, il convient de classer par tranches d’âges : les jeunes et l’augmentation de la consommation de psychotropes et autres anti dépresseurs? les plus âgés concernés par le recul de l’âge de la retraite?- sur les dépenses , il y a clairement l’effet « prix » qui a quasiment doublé, les contrôles ne changeront rien à cet aspect.

Entre 2019 et 2023, on a 58 % de la dépense qui s’explique par des facteurs économiques et démographiques, donc des éléments objectifs (augmentation SMIC, donc augmentation de la valeur de l’IJ, âges des salariés qui auraient dû bénéficier du départ à la retraite).

Pour le reste, l’explication de l’évolution peut tenir à l’état de santé de la population, les conditions de vie au travail, le cas échéant « des abus ou des fraudes ».

On sait que les abus et les fraudes peuvent exister, certes, mais en quantité infime. Par contre, on sait que la santé se dégrade en matière d’AT et de MP.

Je cite le journal La Croix (qui n’est pas franchement la presse la plus révolutionnaire!): « La commission de la sous-évaluation des maladies professionnelles, qui travaille dans le cadre parlementaire pour le projet de loi de finance‐ ment de la Sécurité sociale (PLFSS), a évalué pour 2022 à 108 000 le nombre de pathologies psychiques professionnelles auxquelles il convient d’ajouter 28 000 accidents du travail de même origine »

Les RPS explosent, et ce ne sont pas les cours de yoga en entreprise ou autre méditation qui pourront résoudre les difficultés croissantes de non reconnaissance, perte de sens au travail, relations managériales toxiques créant de fortes souffrances au travail, etc.

C’est toute l’organisation du travail qu’il faut regarder, que ce soit dans le privé comme dans le public, les rythmes soutenus, les non remplacements, etc. produisent des pathologies physiques et/ou psychologiques et donc un arrêt de travail par le médecin, dans le but de protéger intégrité du salarié.

C’est bien de cela qu’il est question et c’est ce que nous demandons : 

– une explicitation des données chiffrées pour mieux comprendre et donc observer précisément ces hausses de volume

– ne pas tomber dans la facilité de pointer des boucs émissaires (le salarié et/ou le médecin)

– mettre à plat les méthodes en entreprise, les moyens donnés pour la production en entreprise privée et la mise en oeuvre d’un service public dans les entreprises publiques, les modes et pratiques managériales, etc etc.

Car telle est bien la question, le fonds du sujet : un salarié épanoui au travail sauf pathologie particulière est heureux de s’y rendre quotidiemmenet : il y a du sens au groupe, à l’oeuvre produite collectivement, à retrouver un collectif de collègues.

Le travail, contrairement à son étymologie ne peut pas, ne doit pas, être une source de souffrance. C’est la cause qui doit être analysée.

 
2/ sur le fonds politique (et les rôles respectifs Conseil et DG)

Last but not least !

A l’heure où l’on observe une hausse nette  du populisme, dont l’un des objets consiste toujours à pointer les mauvais objets de notre société, nous appelons à une extrême prudence sur les communications et justement, nous insistons sur deux points majeurs :

– la nécessité de consulter la gouvernance en amont de telles communications, sinon…. quelle est notre légitimité ?

–  la précision absolue des données mises sur la place publique dont chacun.e peut s’emparer pour les instrumentaliser à d’autres fins obscures.

Nous interrogeons le Directeur Général sur sa légitimité à communiquer en lieu et place du politique quant à ce qu’il faudrait faire ou non : il aurait été nécessaire de soumettre en premier lieu la réflexion en Conseil où il aurait été alors possible à chacun.e de s’exprimer, et faire des propositions au nom de son organisation.
A la suite des prises de paroles diverses, une des organisations ayant invité le Président à s’exprimer à son tour dans la presse, la CGT a suggéré une « motion » du Conseil pour que sa voix soit entendue et pas seulement celle du dG… : courage, fuyons! proposition non reprise par aucun participant.

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