« Réforme » des retraites en profiterez-vous ?

Il y a 2 manières d’envisager un système de retraite : la capitalisation (on place de l’argent là où cela devrait rapporter) ou la répartition (les salarié.es cotisent une partie du profit qu’ils produisent pour financer les pensions des retraité.es). En France, il semble que le passage de la répartition vers la capitalisation se fasse sans dire son nom : révolution !

Big Bang, réforme systémique… le régime Macron utilise les grands mots pour préparer sa (contre) réforme des retraites.

En toute bienveillance, le vote de celle-ci est annoncé pour le milieu de l’été. Soit pile-poile lorsque les salarié.es préférons se pencher sur leur nouveau système de retraite par points plutôt que de filer à la plage…!

« Sauvetage » des régimes obligatoires, égalité de traitement des salarié.es… derrière les bons sentiments (on connaît la chanson !), il y a les banques, la finance et…. le crack.

En fait, il s’agit de forcer les gens à capitaliser pour leur retraite auprès des banques et des assurances. Ceci en adhérant à des dispositifs d’épargne dépendant des cours d’entreprises cotées en bourse, dont les incontournables CAC40 et autres Start-Up.

C’est déjà l’esprit de la loi Pacte (article 23) **. Celle-ci prépare le terrain à une révolution des retraites qui ne dit pas son nom. : leur financiarisation.

En marche discrète vers la finance….

Depuis 2014, la 1ere loi Macron force déjà les salarié.es à placer le montant annuel de leur intéressement sur un plan d’épargne inter-entreprise (PEE) s’ils ne demandent pas le contraire. En voilà des manières !

Avec la loi Pacte (un de plus ! lire le glossaire ), notre Golden Boy et ses ami.es ont décidé que l’intéressement ne devait plus contribuer au financement de la Sécurité Sociale (suppression du forfait social de 17%) dans les boîtes de moins de 250 salarié.es. C’est encore moins d’argent pour la retraite par répartition…

Et que dire de la loi de financement de la Sécu pour 2019 qui va fusionner la Sécurité Sociale avec le sympathique ministère des finances ?

Cela n’a pourtant jamais fait été proposé ni discuté. Nulle part. Mais pourquoi s’en soucier quand il y a « Danse avec les Stars à la TV » ! Après tout, n’est-ce pas cela la vraie démocratie ?

Et maintenant les fonds de pension !

Depuis 2017, la loi dite Sapin 2 permet la création de fonds de pension : les fonds de retraite professionnelle supplémentaire (FRPS).

Désormais, la loi Pacte rend plus « attractifs » ces fonds de pension ainsi que les plans d’épargne retraite individuelle et collective (lire aussi l’Echo des négos n°1, p. 13 sur le Perco).

Et cela sans impôt ou presque (rien à avoir avec les taxes sur l’essence #giletsjaunes !)

Désormais, les salarié.es peuvent emmener leur PZE, leur Perco ou leur FRPS quand ils changent d’employeur (on parle de portabilité). En bout de course, il est aussi possible de percevoir une somme (capital) plutôt qu’une rente.

Baisse de l’assurance retraite de la Sécu

Pour imposer cette capitalisation aux gens, il va falloir avant bloquer les taux de cotisation aux retraites par répartition (on parle de cotisations définies) comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO  depuis 2015.

Ceci pour forcer la baisse des pensions. Et cela en jouant sur l’inflation et de la hausse du nombre de retraités.

C’est dans ce schéma qu’interviendra la réforme officielle cet été ! Ok. Mais il est où le problème si on gagne de l’argent ?

Le problème est que cette financiarisation des retraites, qui passera par une énorme capitalisation des entreprises et donc des bourses, est pensée pour prendre le relais de l’épargne qui ne rapporte déjà plus rien.

Finie l’épargne « pépère » qui rapporte Walou

Le livret A ne rapporte plus que +0,75 % par an. Soit rien. Quant à l’assurance vie sans risque, elle coûte davantage qu’elle ne rapporte ! Avec le retour de la hausse des prix (+2,2% d’inflation sur 1 an en octobre 2018), l’épargne qui n’est pas investie en actions va durablement souffrir.

En effet, épargner en prêtant ses économies à l’État ou à la Sécu pour financer leurs « dettes » (le principe de l’assurance vie et du livret A) coûte désormais de l’argent !

La raison ? Dans le monde de l’argent, celui-ci n’a plus de valeur tant il en a été déversé dans les banques (pour les sauver) depuis 2008.

La vérité est que la survie de la spéculation menée par les banques et les assureurs passe par la capitalisation boursière des entreprises. Jusqu’à la prochaine crise !

Eh oui ! Qu’adviendra-t-il quand l’argent de l’épargne des gens qui travaillent aura été concentrée dans le capital d’une poignée d’entreprises du CAC40 et autres Start Up ?

Éviter le crash le qui vient….

Qu’arrivera-t-il si les rendements nécessaires au versement des pensions de millions de retraité.es ne sont pas au rendez-vous… ? La suite est déjà écrite. Sauf….

Étendre la retraite solidaire par répartition de la Sécurité Sociale est le moyen d’éviter ce scénario. À long terme, c’est aussi le moyen préserver le petit patrimoine de celles et ceux qui ont la chance d’en disposer. Et, cela, chacun.e sait maintenant que cela ne se jouera jamais dans les urnes…. 

Il revient à chacun.e d’agir dans le sens des intérêts qui sont les siens. Ce qu’il y a de positif dans cela : c’est que l’avenir, lui, ne mentira pas.

 

 

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