Rapport Charges et produits 2022 : et si on parlait « produits » ?!

Le document  « Charges et Produits 2022 », qui trace les perspectives d’évolution en vue de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale (LFSS), nous apporte quantité d’informations, de chiffres et représente un travail considérable.

Mais la CGT n’est pas naïve, et constate ceci : au cœur de cette crise sanitaire, dont on ne connait pas le terme, la perspective d’une évolution profonde était annoncée or nous ne pouvons que constater le maintien des logiques habituelles.

Vous affirmez que, pour la soutenabilité financière du système, il n’y a pas d’autre alternative que de réduire l’évolution des dépenses,  alors même que nous constatons une augmentation de la population et des évolutions techniques,  et donc des besoins en matière de santé.

La CGT réaffirme la nécessité de l’augmentation des produits pour répondre à cette exigence première : soigner des personnes et éviter qu’elles ne tombent malades.

La CGT réaffirme le système des recettes appuyées sur la Cotisation comme pilier de la Sécurité Sociale, comme symbole de contributivité. C’est son fondement historique.

Ces recettes ne peuvent donc pas être amputées des exonérations de cotisations: la solution réside dans l’arrêt de ces exonérations, le développement de l’emploi, la fin du chômage de masse et  une  politique d’augmentation volontariste des salaires.

La santé de la population, sa protection sociale,  justifient, sans débat, sans détours, des recettes à la hauteur : seules nos propositions  permettent d’y répondre. Preuve en est d’ailleurs que toutes ces attaques aux cotisations n’ont rien réglé en matière de financement.

Nous devons pointer les responsabilités : le manque de financement n’est pas une fatalité, il a pour seule origine des choix politiques qui, année après année, détruisent un peu plus notre modèle social.

Sur la question de la territorialité et de la couverture médicale, là aussi, la CGT pointe les limites tant au niveau de la qualité de prise en charge qu’en matière d’accès aux soins.

La CGT souligne qu’en ne traitant pas la question de proximité, il n’y a pas  à s’étonner de l’augmentation significative des coûts de transports.

Sur ce même aspect d’accès aux soins, La CGT réitère ses préconisations quant à l’exercice de la médecine de ville qui, s’il est régulé et affranchi de toute rémunération à l’acte, devra permettre à la fois d’éviter la dérive du montant des soins, tout en garantissant une meilleure prise en charge des assurés, incluant, notamment, des actes de prévention et un suivi du patient de qualité.

Sur la question de la Prévention précisément, notre approche de ce concept majeur en santé publique qu’est la Prévention ne consiste pas en une multitude d’actions éparpillées, dont on ne peut d’ailleurs que rarement évaluer les véritables impacts qualitatifs, mais elle consiste à observer les causes véritables.

Une d’entre elles, à notre grand étonnement, n’est pas abordée dans ce rapport : le contexte professionnel.

D’ailleurs, cette approche est incontournable dès lors que l’on considère la santé au sens de sa définition OMS, prenant en compte l’ensemble des paramètres de notre quotidien (logement, travail, environnement, etc.).

Cette question ne peut être évacuée et lorsqu’elle l’est, on rate la cible, et c’est sans doute (en partie) une des raisons expliquant les failles des dispositifs prévention pourtant prônés et mis en place depuis plusieurs décennies.

Ne pas s’interroger du tout sur ce critère nous laisse très interrogatifs quant à la valeur réellement scientifique au regard d’une méthode laissant de côté une donnée inhérente et incontournable dans l’observation.

Oui, l’approche pathologie dans la gestion des risques est intéressante et permet de pointer les actions coordonnées à mettre en œuvre dans le cadre d’une prise en charge globale des patients prenant en compte la prévention et les soins.

Mais, elle ne suffit pas lorsqu’il s’agit des maladies cardiovasculaires, des maladies psychiatriques, des troubles musculosquelettiques et des cancers, de la santé mentale.

La dégradation des conditions de travail depuis plusieurs décennies, liée notamment à un taux de chômage important associé à une recherche d’une productivité maximale a une influence néfaste sur l’état de santé des travailleurs.

Un des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires est le stress, dont se plaignent de nombreux salariés du fait d’une pression constante liée à la recherche de la performance maximale.

Ce stress permanent débouche souvent sur de l’hypertension ou encore la consommation de produits addictifs comme le tabac, l’alcool ou d’autres substances illicites.

Les pathologies psychiatriques ont connu une très forte croissance, notamment après la crise de 2008. Les affaires France Télécom mais aussi plus récemment les suicides chez les personnels soignants, toutes catégories confondues, incluant les étudiants en médecine et les internes sont inquiétantes.

Dans toutes les entreprises, nos syndicats nous interpellent sur l’explosion des risques psychosociaux, à l’origine de très nombreuses pathologies (épuisement professionnel, dépression, etc.).

Les troubles musculosquelettiques liés notamment aux postures inadaptées sur le lieu de travail au port de charges, etc. constituent un problème majeur de santé publique qui ne trouve que peu d’écho en termes de mesures correctives dans les entreprises.

Enfin, les cancers sont plus souvent d’origine professionnelle que ce qui est actuellement reconnu.

Les facteurs de risque liés aux toxiques sont connus mais d’autres sont ignorés.

Il s’agit notamment du cancer du sein, cancer le plus fréquent chez la femme, dont un des facteurs de risque récemment identifié est le travail de nuit ou en horaires décalés.

En effet, ces rythmes de travail modifient la production hormonale par l’organisme du fait du non-respect de l’alternance jour-nuit normale, ce qui augmente le risque de ce type de tumeur chez les femmes.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ce cancer est reconnu comme une maladie professionnelle dans certains pays d’Europe du Nord pour les salariées soumises à des rythmes de travail atypiques.

Or l’évolution actuelle du marché du travail est inquiétante avec la multiplication des postes avec des horaires décalés et des rythmes atypiques.

Ces exemples scientifiquement fondés nous prouvent qu’il est essentiel de se préoccuper des conditions de travail en termes de prévention.

Il est essentiel également de ne pas mettre à l’écart de l’étude l’ensemble des sujets liés aux AT/MP, mortalité leur étant liées : parler d’efficience à ce prix-là, est inconcevable, indigne de notre projet collectif. Parlons dans ce cas d’efficacité pour avant tout protéger les assurés !

La CGT préconise donc que L’Assurance maladie doive impérativement aller au cœur de ces réalités pour pouvoir mener des actions de prévention dans ce domaine afin d’améliorer l’état de santé de ses assurés, ce qui constitue la meilleure source d’économies possible, et donc d’efficacité.

Et pour terminer, 4 points que nous souhaitons aborder dans ce rapport :

1/ la Cgt ne peut que se féliciter du rôle de nos Ugecam, en termes de soins et d’accompagnement, tout particulièrement leur rôle et leur implication en cette année très particulière face à la Covid. Leur place dans l’offre de soins et de prise en charge médico-sociale, au sein de l’Assurance Maladie, doit se développer, en proximité des usagers, à l’écoute des orientations stratégiques voulues par leurs Conseils.

2/ la notion de Centres de Santé : il y a confusion dans le vocabulaire, il convient de  distinguer impérativement les Centres de santé privés lucratifs, optiques et dentaires des Centres de Santé, proposant une offre de soins dans la sphère publique ou associative non lucrative.

3/ sur la possibilité d’introduire la substitution de médicaments par des médicaments biosimilaires en officine (proposition 5),  la Cgt s’étonne fortement de cette proposition alors même que l’Académie de pharmacie alerte soulignant « que dans l’état actuel des connaissances, il n’apparaît pas souhaitable d’exposer un patient à une alternance de sources biologiques sans nécessité constatée, … » et demande « de faire prévaloir la continuité du traitement sous la première marque commerciale administrée au patient ».

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