Le billet d’humeur des conseillers Cgt qui siègent au Conseil de la Cnam. Retrouvez les chroniques de Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93 et conseiller Cgt au conseil de la Cnam sur le site du journal L’Humanité.
L’évolution actuelle des services publics est inquiétante.
L’expérience vécue hier au SAMU est particulièrement éclairante. Nous devions accueillir à l’aéroport du Bourget un patient transféré de Bordeaux par un vol sanitaire spécial pour une prise en charge spécialisée dans un grand centre parisien.
Bien entendu, les accès à la plateforme aéroportuaire sont sécurisés et nous devons respecter un certain nombre de règles avec l’ambulance et l’équipe du Samu.
Jusqu’à une période récente, la prise en charge était assurée par la gendarmerie des transports aériens qui vérifiaient nos identités et le véhicule, et nous accompagnait au pied de l’avion.
Ces formalités étaient assez rapides, évitaient tout retard à la prise en charge des patient et limitaient le temps d’immobilisation de l’équipe.
Depuis quelques temps, une partie de la procédure est sous-traitée à la compagnie aérienne privée qui doit vérifier les identités, enregistrer des badges et convoyer l’équipe sur piste.
L’autre partie qui est le contrôle de l’entrée sur piste, est assurée par une société de sécurité privée qui examine l’ambulance, revérifie les identités des soignants, les fait passer sous un portique après déshabillage et contrôle du matériel.
Résultat plus d’une heure de formalités diverses et répétitives auprès d’interlocuteurs multiples, ce qui s’est traduit par une attente du patient dans l’avion qui s’était déjà posé.
Le constat est sans appel en ce qui concerne l’efficacité de la prise en charge entre le service public assuré par la gendarmerie et l’organisation actuelle !
Si nous pouvons comprendre que les procédures de sécurité soient actuellement renforcées, il est licite de s’interroger sur l’objectif recherché.
Est-ce d’améliorer le service ou bien l’enjeu est-il strictement économique ?
Il est étonnant que ce qu’on appelle une mission régalienne de l’État, à savoir la sécurité d’équipements sensibles et stratégiques, soit confiée à des entités privées.
Heureusement, afin de pouvoir traverser la région parisienne en toute sécurité pour notre patient, nous avons pu bénéficier de l’escorte par des motards de la police nationale.
Mais jusqu’à quand si les libéraux qui nous gouvernent sous-traitent demain aussi ce service au privé ?
Christophe Prudhomme