# Gros billets : Sécu et complémentaires

Les libéraux n’ont jamais accepté que la santé échappe au marché dès la mise en place des assurances sociales et plus particulièrement de la Sécurité sociale en France.

Au fil du temps, par petites touches, ils ont repris la main. Que ce soit au niveau des organes de gestion en instaurant le paritarisme alors qu’au départ les représentants des salariés avaient 75 % des sièges dans les conseils d’administration, puis en instaurant le ticket modérateur soi-disant pour responsabiliser les assurés sociaux mais en fait pour diminuer la place de la Sécurité sociale au profit des assurances maladies complémentaires.

Puis à la fin du 20e siècle, l’État s’est accaparé le contrôle du système en instaurant le mécanisme des lois de financement de la Sécurité sociale et en supprimant toutes les prérogatives des conseils perdant leur qualification d’administration et confinés au vote de simples avis non contraignants

Les dernières mesures prises ont transférés de très nombreuses prises en charge vers les complémentaires, y compris de manière perverse comme pour le fameux « 100 % » pour le dentaire, l’ophtalmologie et les prothèses auditives d’E. Macron.

Si cela a permis un accès à certains soins pour les plus défavorisés, ce dernier reste limité et surtout la prise en charge financière est assurée par les complémentaires, ce qui a entraîné une hausse de leurs coûts. Cette année une nouvelle couche a été ajoutée avec la diminution à 50, voire 40 % les remboursements de l’assurance maladie pour les transports sanitaires et les soins dentaires.

Il était même prévu pour 2024 d’augmenter les franchises sur les médicaments notamment, mesure qui pour l’instant a été repoussée mais qui reviendra sûrement par la petite porte courant 2024.

Malgré les dénégations du gouvernement, la conséquence inéluctable de ces déremboursements par la Sécu est une augmentation des primes des complémentaires bien au-delà de l’inflation alors que cette dernière est déjà conséquente.

Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un processus continu mené par tous les gouvernements depuis plus de 40 ans quelle que soit leur couleur politique. Pour exemple, nous pouvons citer la fameuse « mutuelle pour tous » de Hollande ou encore la prise en charge d’une partie du coût des complémentaires en cours de mise en œuvre pour les fonctionnaires de Macron.

Il faut que les assurés sociaux se rendent compte qu’au-delà de ce qui peut apparaître comme une avancée de premier abord, ces mesures visent en fait à la mise en place d’un système d’assurance santé inégalitaire et non solidaire.

En effet, les assurances complémentaires proposent des montants de prime liés au niveau des prestations, à l’inverse de la Sécurité sociale où les cotisations sont proportionnelles aux revenus et les prestations déterminées selon les besoins. Alors, il faut dire stop et se battre pour une réelle Sécu intégrale, collecteur unique de cotisations et payeur unique des prestations.

Dr Christophe Prudhomme

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