# Billet dur. La galère pour se soigner

Léna se lève un matin avec le visage enflé, rouge et douloureux. Inquiète, car le gonflement progresse et atteint les paupières. Elle se rend accompagnée par sa mère dans un service d’urgence de la banlieue parisienne.

près une longue attente, un médecin la consulte et écarte une réaction allergique que l’on appelle œdème de Quincke et s’oriente vers un problème dermatologique. Malheureusement, cet hôpital n’a pas de service de dermatologie et renvoie Léna vers une consultation de ville sans plus d’aide.

Malheureusement à la veille d’un week-end, impossible de trouver un spécialiste disponible. Le lendemain, sa mère constate une aggravation de la situation, avec un visage de plus en plus enflé et se démène pour trouver une solution.

Après avoir sollicité des amis, sur leurs conseils, elle se rend avec sa fille aux urgences dermatologiques du CHU. Là, nouvelle angoisse, car il faut prendre un ticket et attendre son tour en se voyant signifier que seuls 30 patients sont vus par demi-journée.

Heureusement, arrivées suffisamment tôt, les deux femmes ont le numéro 16 et attendent leur tour. Enfin, un examen peut être fait. Le médecin présent est étonné de l’aspect impressionnant du visage de Léna et demande même à l’interne de le prendre en photo.

Après un examen minutieux, un diagnostic d’infection avec un eczéma réactionnel est posé. Des prélèvements sont effectués pour rechercher le germe en cause et dans l’attente des antibiotiques sont prescrits pour débuter le traitement. Un rendez-vous pour une nouvelle consultation est fixé pour évaluer l’évolution.

Rassurée, la mère de Léna se rend à la pharmacie et là, stupeur : l’antibiotique prescrit est en rupture. Le pharmacien ne souhaite pas dans le cas présent substituer l’antibiotique et explique qu’il faut faire le tour des officines des villes avoisinantes.

Prenant sa voiture, elle se voit signifier l’absence du médicament dans quatre pharmacies et à la cinquième, elle trouve son bonheur. De retour à la maison, le traitement est administré et commence à faire effet rapidement.

Ce chemin de croix est celui de nombreux malades aujourd’hui. Heureusement Léna a pu compter sur sa mère mais sans elle aurait-elle pu se débrouiller seule ? Peut-être pas et c’est cela qui est grave.

Comme urgentiste en Seine-Saint-Denis, je vois beaucoup de malades qui arrivent aux urgences avec des pathologies évoluées car elles n’ont pas été traitées à temps. Cette dégradation de notre système de santé aggrave les inégalités au détriment des plus faibles et des moins armés économiquement et socialement.

C’est inacceptable humainement dans un pays riche comme la France. Et pour ceux qui nous gouvernent et qui ne pensent qu’à l’argent, c’est un mauvais calcul car le coût final pour traiter ces patients est bien plus élevé quand leur situation s’est aggravée.

Ne les laissons pas faire et imposons le choix de l’humanisme et de la solidarité afin que le droit à la santé égal pour tous redevienne la priorité dans notre pays.

Dr Christophe Prudhomme

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