Depuis 2019, les entreprises sont tenues de publier sur leur site internet les résultats de l’index de l’égalité professionnelle consistant à mesurer les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans l’entreprise. Cela au moyen de 5 indicateurs statistiques :
- les écarts de salaires entre les femmes et les hommes (valant 40 points) ;
- les écarts d’augmentation entre les femmes et les hommes (valant 20 points);
- les écarts de promotion entre les femmes et les hommes (valant 15 points);
- le pourcentage de salariés ayant bénéficié d’une augmentation dans l’année suivant leur retour de congé maternité ou parental (valant 15 points) ;
- Avoir au moins 4 femmes dans les 10 plus hautes rémunérations (10 points).
Sur le 1er indicateur, il faut mettre en lumière la contradiction, incompréhensible, entre les écarts salariaux que nous constatons en données brutes et les résultats obtenus (par calculs pondérés) dont se vante la direction dans son index de l’égalité 2021 et qu’elle s’apprête à rendre public.
En effet, quand on regarde les données brutes, les inégalités salariales entre les F/H augmentent à mesure que l’âge des salariés s’accroit (à l’exception des agentes de maîtrise de plus de 50 ans). Et ceci avec en plus – excusez du peu – un déséquilibre constaté du salaire moyen (toutes catégories de personnel confondues) de 14 859 / € an à la défaveur des femmes (quoiqu’en léger recul par rapport à 2020). Mais c’est la preuve que les inégalités de salaire à la Cnam son triples (au moins) : générationnelles, sexistes et catégoriels.
Sans déconstruction précise des critères de calcul fournis par le ministère du Travail pour le calcul des écarts pondérés par rapport aux effectifs, qui font débat, on peut douter, sur analyse des données brutes, de la bonne foi de l’opération « index de l’égalité ».
Cette usine à gaz traduit la volonté d’offrir aux employeurs de beaux tableaux à afficher auprès de l’inspection du Travail et pour des rapports sur papier glacé genre « RSO ».
Sur l’index de l’égalité (la note sur 100 cumulant les 5 indicateurs), la note de la Cnam/Drsm atteint 94/100 : rien de moins que 15 points de plus qu’en 2020.
Il y a un an à peine, l’index cumulait à 79 /100 ! Mais que s’est-il passé pour atteindre un tel sommet de performance quand on constate dans les données brutes que toutes catégories confondues, l’écart moyen des salaires ne bouge pas ! Avec toujours -26,7% de moins pour les femmes ?
- Serait-ce parce que les femmes sont 3 fois plus nombreuses dans l’effectif de la Cnam que l’écart pondéré (à -5,05% pour les femmes) des salaires entre les femmes et les hommes est finalement considéré comme très satisfaisants (34 points sur 40) ?
- Serait-ce parce que les hommes sont, comme chaque année, en proportion plus nombreux à être promus que les femmes (5,6% contre 4,9% de l’effectif) – dans des proportions pondérées riquiqui certes mais systématique – que la Cnam gagne le maximum de points de l’indicateur mesurant les écarts de promotions (15 points sur 15) ?
Où est la logique ? Nous avons hâte de découvrir ce qu’il adviendrait de cet « index de l’égalité » si un jour un 6e indicateur sur les écarts de salaires entre les syndicalistes et le reste du personnel est adopté avec la même rigueur intellectuelle. Nous parions que la Cnam pourrait alors scorer à 150 points… sur 100 points ! Facile…
Encore mille bravos à la Cnam pour ces 94 points sur 100 à l’index de l’égalité. Et félicitations bien sûr aux ingénieurs du Ministère du Travail qui ont inventé ces modes « très particuliers » de calcul de l’égalité professionnelle. Avec pareille honnêteté intellectuelle, la suite de leur carrière devrait encore briller de mille feux en Chine ou en Corée du Nord.