Être contre le RN ne suffit pas

Au quotidien, les discussions montrent bien qu’être contre le RN avec des arguments moralisateurs sur le danger que représente ce parti qui, sous un vernis de respectabilité, reste un parti fasciste.

Mais il faut bien comprendre que le désarroi actuel de très nombreux citoyens est la conséquence de la dégradation de leurs conditions de vie, du fait notamment de la politique de casse des services publics menée depuis près de quatre décennies, tant par la droite que par la gauche sociale-démocrate.

Dans le domaine de la santé, la dégradation du système a créé un sentiment d’abandon débouchant sur une colère justifiant pour certains un vote pour ceux qui n’ont encore jamais été au pouvoir et qui proposent dans leur discours des solutions qui paraissent répondre aux attentes de beaucoup.

Alors oui, il faut démontrer que leur programme n’apportera pas ce qui est attendu mais qu’en fait il s’agit d’un faux nez d’une politique en faveur du capital et des riches.

Mais pour être crédibles, il faut surtout proposer des solutions concrètes qui parlent concrètement aux gens et qui répondent à leurs demandes.

Ainsi en ce qui concerne la médecine de ville, il faut expliquer comment il est possible que chacun puisse bénéficier d’un médecin traitant et de spécialistes sans dépassements d’honoraires. Pour cela, la solution est de proposer d’installer des centres de santé avec des équipes de professionnels de santé salariés qui bénéficient d’un financement par la Sécurité sociale plus incitatif que pour ceux qui souhaitent continuer à s’installer en libéral.

De ce fait, il faut bien pendre acte de la volonté de la direction de la l’Assurance Maladie de ne rien faire pour constituer une offre de soins alternative à la médecine libérale dans les déserts médicaux. La situation actuelle – désastreuse – lui incombe . Elle n’est pas le résultat d’une erreur (toutes les erreurs sont excusables) mais d’un choix de ne rien faire au motif que cela coûterait trop d’argent et de laisser « faire » la très vieille et inepte médecine libérale.

Rien n’empêchait ces 10 dernières années l’Assurance Maladie de monter des centres de santé là où la médecine libérale est incapable d’offrir une offre de soins permettant de prendre en charge la population des déserts médicaux qui en a besoin.

Cette nouvelle organisation est attractive pour les jeunes médecins qui aujourd’hui majoritairement ne sont plus attirés par l’exercice libéral ne correspondant plus à ce qu’ils souhaitent en termes de qualité de travail et de vie.

Par ailleurs, si les revendications des professionnels de santé sont légitimes, il faut qu’elles soient prises en compte dans le cadre d’un équilibre avec les besoins de santé de la population.

Or maintenir aujourd’hui la liberté d’installation ne permettra pas de résoudre les déserts médicaux et le maintien de la rémunération à l’acte conduira à la généralisation des dépassements d’honoraires de plus en plus insupportables pour les patients.

En ce qui concerne les hôpitaux, la première mesure est l’arrêt de toute suppression de lits et de fermetures d’établissements. Il faudra ensuite mettre en place une politique d’investissement pour assurer un maillage du territoire permettant à tout citoyen d’être à 30 minutes de transport d’un hôpital disposant d’un service d’urgence ouvert 24 h sur 24 sans limitation d’accès, d’une maternité, de services de chirurgie pour les actes les plus courants et de services de médecine avec un nombre de lits suffisant pour hospitaliser les patients arrivant notamment par les urgences.

Pour cela il faut être clair sur le fait qu’il faut en finir avec le secteur privé lucratif qui aujourd’hui se comporte en prédateur de notre Sécurité sociale au profit d’investisseurs qui ne sont intéressés que par les dividendes à verser à leurs actionnaires. Seule une vraie rupture affirmant clairement que la santé ne peut relever du marché et doit être assurée dans une logique de service public.

N’oublions pas que pour redonner de l’espoir, il faut pouvoir se projeter dans un avenir meilleur rapidement accessible.

Dr Christophe Prudhomme

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