#Billet dur : vers la fermeture de 150 services d’urgence

Après avoir organisé un fonctionnement dégradé des services d’urgences et des SAMU pendant l’été, le ministre de la Santé a confirmé la pérennisation de ces mesures dans la loi de financement de la sécurité sociale.

C’était déjà inquiétant car la pseudo-évaluation réalisée avait été faite sur commande avec des résultats biaisés pour éviter de parler de la surcharge des centres 15 avec l’allongement des délais de décroché, du vrai problème des urgences qui est le manque de lits pour hospitaliser les patients et plus globalement d’une incapacité de notre système de santé à assurer des soins de qualité.

Tant les organisations professionnelles que la presse font état presque quotidiennement de retards de traitement, comme par exemple en cas d’accident vasculaire cérébral, avec des conséquences dramatiques en termes de séquelles pour les patients, et de décès sur des brancards.

Mais cela ne semble émouvoir ni le président de la République, ni le ministre de la Santé. Il faut avant tout souligner que le budget des hôpitaux adopté par la voie du 49.3 a une évolution inférieure à l’inflation, ce qui signifie une baisse des moyens, donc des fermetures de lits et d’hôpitaux.

Face à cette contrainte, quelle est la réponse de F. Braun lors de sa récente visite à l’hôpital de Rennes : il y aurait trop de services d’urgences en France. Regardons la réalité des chiffres : il ne reste aujourd’hui que 630 services d’urgence dont 505 dans le public et le secteur non lucratif et 125 dans le privé lucratif.

De nombreux sites ont été fermés ces dernières années et une étude de l’Association des maires ruraux de France décrit une situation qui s’aggrave avec 10 % de la population, soit 6 millions d’habitants qui vivent à plus de 30 minutes d’un service d’urgences.

Ce constat effectué en 2021 évoquait le risque de la fermeture très rapide de près de 70 services d’urgence. Aujourd’hui, le nombre de services en difficulté pour assurer une ouverture 24 h sur 24, 365 jours par an est évalué à près de 150.

Ce sont ces structures qui sont dans le viseur du ministre. Une telle évolution doublerait largement le pourcentage de la population abandonnée et aggraverait les difficultés de fonctionnement des sites restants déjà surchargés et en incapacité d’accepter une charge de travail supplémentaire.

A cela s’ajoute une aggravation de la désertification et des fermetures d’hôpitaux car les établissements concernés ont déjà perdu ou perdront leur maternité et leurs services de chirurgie. Cette évolution est inacceptable et criminelle.

La sécurité de la population exige le maintien d’un maillage territorial permettant à tout citoyen d’être à moins de 30 minutes d’un service d’urgences ouvert 24 h sur 24.

Alors monsieur le ministre de la Santé, non il n’y a pas trop de services d’urgences en France. Bien au contraire, il faudrait même rouvrir certains qui ont fermé ces dernières années.

Dr Christophe Prudhomme

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