# Billet dur : Plus d’armes, plus de morts

Une approche en termes de santé publique du nouveau massacre dans une école aux États-Unis peut permettre de replacer le débat autour de la notion d’intérêt collectif.

En tant que médecin travaillant depuis plus de 35 ans au SAMU 93, je prends en charge un certain nombre de patients blessés par arme à feu.

Le contexte est soit celui d’un suicide, soit celui d’une agression. La plupart du temps les armes sont des armes de poing avec un seul impact.

En l’absence d’organe vital touché, la plupart des patients transportés vivants à l’hôpital ont un bon pronostic. Lors de l’utilisation d’armes de guerre avec des projectiles à haute vélocité, la mortalité initiale est beaucoup plus importante.

Ces armes sont peu fréquentes en France à la différence de ce qui existe outre-Atlantique.

Un élément central des études épidémiologiques est qu’il existe une corrélation directe entre le nombre d’armes à feu dans un pays et le nombre de morts : 120 armes/100 000 habitants aux États-Unis et 33 000 décès contre 20 armes/100 000 habitants en France (dont une grande partie d’armes de chasse) et 1 800 décès (dont 80 % de suicides).

Un autre chiffre inquiétant est qu’en 2020, les décès par armes à feu sont devenus la première cause de mortalité chez les enfants et les adolescents aux États-Unis (4 400 morts).

Certains pro-armes dont Donald Trump évoquent le fait que la plupart des massacres seraient provoqués par des personnes souffrant de troubles mentaux.

Il s’agit là d’une affirmation démentie par les études scientifiques, même si des drames largement médiatisés peuvent le laisser penser.

Enfin, dernier chiffre affolant : la police américaine a tué plus de 1 000 personnes par balle en 2021.

L’ensemble de ces données doivent donc nous amener à réfléchir aux solutions pour diminuer la mortalité liée aux plaies par arme à feu en mettant en avant des priorités de santé publique.

Cela passe essentiellement par des mesures de prévention dont l’efficacité paraît probable sinon évidente.

En premier, il est nécessaire de diminuer le nombre d’armes en circulation. Deuxièmement, il s’agit de contrôler leur achat puis d’assurer leur traçabilité. Troisièmement, sans vouloir être intrusif et restreindre les libertés individuelles, il semble important de conditionner l’octroi d’une autorisation de port d’armes à un examen de santé physique et psychologique. Quatrièmement, le surarmement des forces de sécurité, notamment des polices municipales comme cela est préconisé dans certains programmes politiques, ne peut qu’augmenter mathématiquement le nombre de blessés et de morts, y compris du côté de ceux qui auront été armés soi-disant pour améliorer leur sécurité.

Car quand on met le doigt dans cet engrenage, il n’y a plus de limites, comme cette proposition faite par certains aux États-Unis d’armer les enseignants ! Il est utile pour conclure de citer Gandhi : « Ce que tu gagneras par la violence, une violence plus grande te le fera perdre ».

Dr Christophe Prudhomme

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