# Billet dur : novlangue & double langage

Une bonne partie des directeurs d’hôpitaux et des responsables des ARS relaient actuellement avec zèle le discours du gouvernement et sont dans le déni le plus total de la gravité de la situation. De ce fait, ils perdent leur crédibilité auprès des personnels et rompent ainsi toute possibilité de dialogue social au sein des établissements. Je voudrais citer deux exemples récents pour illustrer cette situation.

Lors d’un récent déplacement dans le Finistère pour un débat public, interrogé par la presse sur la situation catastrophique des services d’urgence dans le département, j’avais déclaré que le système de santé était en train de s’effondrer. Demandant à être reçu par l’ARS, nous n’avions pas pu rencontrer le directeur territorial car le poste était alors vacant.

l y a quelques jours, le nouveau directeur enfin en poste est interrogé par la même journaliste qui reprend mes propos et lui demande de réagir. Je le cite car il s’agit d’une véritable perle de langage technocratique : « Je dirais plutôt que les système de santé, en France, est en pleine mutation. Une mutation profonde, lourde et porteuse d’inquiétude mais aussi d’espoir et d’amélioration ».

Il y a quelques jours une réunion était organisée dans le cadre de la deuxième enquête d’utilité publique concernant le projet d’Hôpital Nord à Saint-Ouen (93). Deuxième enquête car la première a été invalidée par le tribunal administratif du fait du manque de certains éléments et surtout une forte critique était émise concernant la diminution globale du nombre de lits conséquence de la fermeture de deux hôpitaux que ce nouvel établissement est censé remplacer.

Ce fait très important est éludé et les directeurs de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris présents nous déroulent un diaporama dithyrambique sur ce qui doit constituer, je cite, « le plus grand centre hospitalo-universitaire d’Europe ». Par contre, il nous est expliqué sans vergogne que l’hôtel face à l’hôpital qui hébergera les patients la nuit entre leurs soins compensera la diminution du nombre de lits. Et silence sur les problèmes d’accès dans un milieu urbain très dense, tandis que nous est vendu comme un parc paysager ce qui n’est en fait qu’un square.

Un seul qualificatif me vient à l’esprit pour ces discours : insupportable. C’est d’ailleurs, ce qu’on ressenti la quasi-totalité des personnes présentes dans la salle à Saint-Ouen et des lecteurs du journal à Quimper qui m’ont signalé l’article.

Insupportable de suffisance et marque d’un mépris affirmé. Surtout quand certains nous servent l’argument ,d’inquiétudes injustifiées du fait d’une mauvaise compréhension des enjeux. C’est alors qu’est évoquée la pédagogie nécessaire pour mieux faire accepter ces évolutions qui sont toujours présentées comme nécessaires et incontournables. Bref nous sommes des imbéciles arriérés alors qu’eux savent ce qui est bon. Sachez, mesdames et messieurs, que la légitimité des professionnels et de la population est au moins équivalente à la vôtre et que nous la défendrons avec tous les moyens disponibles.

Dr Christophe Prudhomme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *