Le billet d’humeur des conseillers Cgt qui siègent au Conseil de la Cnam. Retrouvez les chroniques de Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93 et conseiller Cgt au conseil de la Cnam.
La focalisation sur le coronavirus nous fait oublier que d’autres problèmes de santé importants existent et sont négligés au grand désespoir des patients concernés.
C’est le cas de ceux qui sont en attente de greffe et qui ont vu depuis maintenant plus d’un an et demi le nombre de donneurs s’effondrer.
Une étude publiée récemment montre par exemple que la transplantation rénale a connu la plus forte réduction dans presque tous les pays en 2020 par rapport à 2019 et, plus précisément, les transplantations de donneurs vivants ont nettement diminué (reins : – 40 %, foie : – 33%).
En ce qui concerne les greffes à partir de donneurs décédés, il est observé une réduction de 5 à 20 % des greffes pour les différents organes. L’effet est dévastateur sur les listes d’attente des patients, avec comme conséquence une perte notable de vies humaines.
Le nombre d’années de vie perdues pour l’ensemble des patients a été estimé à près de 38 000 années pour ceux en attente d’un rein, de 7 500 années pour un foie, de 1 800 pour un poumon et de 1 400 pour un cœur, soit un total de plus de 48 000 années de vie perdues.
Il est bon de rappeler que les transplantations concernent souvent des personnes jeunes qui, en l’absence de greffon dans un délai raisonnable, sont condamnées à une mort certaine.
Les greffes font partie des grands succès de la médecine du 20e siècle, or aujourd’hui cette activité accumule les difficultés, vague après vague de l’épidémie.
La situation en France est encore plus grave du fait d’un nombre de donneurs faible par rapport à de nombreux autres pays, européens notamment.
A cela s’ajoutent les retards de diagnostics et de traitement pour les personnes atteintes de cancers, un suivi dégradé des affections de longue durée qui touchent en France plus de 8 millions de personnes et les dégâts psychologiques liés notamment aux confinements concernant toutes les tranches d’âge de la population.
Il y a donc aujourd’hui urgence à mettre en place une stratégie de santé publique qui permette à la fois de maîtriser l’épidémie, mais également de maintenir un système de santé qui soit capable de prendre en charge l’ensemble des patients non-COVID qui sont très nombreux.
Dr Christophe Prudhomme