#Billet dur : fusion carte d’identité-carte vitale ?

Mais quelle mouche a donc piqué G. Attal pour faire une telle proposition.

Il faut décrypter son discours pour comprendre que le sujet traité est celui de la fraude et que, comme son mentor E. Macron, cette opération participe de la chasse sur le terrain du RN.

Son discours met une louche sur la fraude des assurés sociaux pour une petite cuillère sur les professionnels et les employeurs.

Il s’agit typiquement d’une approche qui semble teintée de bon sens, mais qui en fait est très fortement connotée par la désignation des éternels boucs émissaires que sont les étrangers.

Regardons les chiffres de la Cour des comptes. Elle estime la fraude aux prestations sociales aux alentours de 6 milliards, très loin des 30 milliards cités par B. Lemaire et repris servilement par les médias.

Elle souligne par ailleurs que pour le RSA la fraude estimée à 800 millions est très en dessous des économies réalisées du fait du non-recours à cette prestation d’un montant de 5,7 milliards.

Autres chiffres éclairants, ceux de l’Assurance maladie qui souligne que 21 % du montant des fraudes est du fait des assurés sociaux et que 78 % proviennent des professionnels de santé et des établissements.

En ce qui concerne les retraites, l’exemple mis en avant des « centenaires » vivant en Afrique qui toucheraient encore une pension alors qu’ils sont décédés, il faut bien entendu régler le problème, mais il est complètement marginal avec un montant global des fraudes, toutes causes confondues, estimé entre 0,1 et 0,3 % du total des pensions versées.

Par contre, G. Attal a cité ou a passé sous silence les chiffres qui constituent le vrai problème : la fraude aux cotisations sociales par les employeurs qui est de 14 milliards ! A cela s’ajoute celle aux impôts sur les sociétés, 27 milliards, et celle aux impôts sur le revenu, 17 milliards.

Résumons, d’un côté 6 milliards, de l’autre 56 milliards. Il faut alors décrypter le projet de fusion entre la carte d’identité et la carte vitale.

Il vise à focaliser le débat sur le terrain des immigrés qui profiteraient du système, soit le fonds de commerce raciste de M. Le Pen.

A la suite de l’opération de légitimation du RN opérée par le président de la République, son ministre chasse sur les mêmes terres.

Par contre, M. Attal n’a peut-être pas fait le lien avec le débat autour de la Constitution dans le cadre du conflit sur les retraites, car au-delà de l’aspect moral, lier au niveau administratif l’affiliation à la Sécurité sociale à la preuve de la nationalité est sûrement anticonstitutionnel.

En effet l’alinéa 11 du préambule de la Constitution de 1946 qui est toujours en vigueur est ainsi rédigé : « La Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ».

Nous ne sommes pas très loin de l’arroseur-arrosé. En mettant en lumière les artifices de notre Constitution, le gouvernement va maintenant être tenu, tant que cette dernière est en vigueur, de garantir la pleine et entière application de ses différents articles sans exception.

Dr Christophe Prudhomme

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