# Billet dur : confinement ?

Le billet d’humeur des conseillers Cgt qui siègent au Conseil de la Cnam. Retrouvez les chroniques de Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93 et conseiller Cgt au conseil de la Cnam sur le site du journal L’Humanité.

Après plus d’un an d’épidémie, nous commençons à avoir du recul pour évaluer l’efficacité des différentes stratégies adoptées pour freiner la propagation du coronavirus.

L’exemple de la Suède est intéressant et doit nous inciter à relativiser les discours péremptoires de certains de nos dirigeants et de certains médecins. Contrairement aux idées reçues, ce pays a bien mis en place quelques restrictions, mais il n’a jamais imposé, un confinement strict, contrairement à l’ensemble des pays européens.

Le gouvernement a préféré miser sur des recommandations et la bonne volonté de la population. Et bien la Suède n’a pas à rougir de son bilan, bien au contraire.

La mortalité liée au coronavirus est en Suède dans la moyenne européenne (1419 morts par million d’habitants) et inférieure à celle de la France (1669 décès). Par ailleurs l’évolution des décès dans ce pays pourrait même invalider l’idée que ce sont les confinements qui permettent de casser ces fameuses courbes présentées de manière très « scientifique » sur tous les plateaux de télévision.

Ce résultat serait-il lié à des particularités géographiques de la Suède ? C’est peu probable, car la population est très concentrée dans les villes, c’est-à-dire là où les risques de contamination sont les plus importants. Ces éléments sont très importants à prendre en compte car les Suédois sont restés libres, ce qui a permis de limiter très fortement les effets collatéraux dus au confinement dont nous commençons à mesurer les effets qui risquent de s’étaler dans le temps.

En effet, l’absence de confinement pourrait avoir eu des effets bénéfiques, notamment vis-à-vis de la prise en charge d’autres affections potentiellement mortelles comme les cancers et les maladies cardiovasculaires.

Il faut rappeler que les cancérologues français ont chiffré la surmortalité liée au premier confinement entre 2 et 6 000 personnes, du fait de retard au diagnostic et au traitement de leurs patients.

D’autres chiffres sont d’ailleurs en faveur de cette projection : la mortalité ajustée sur l’âge n’a augmenté que de 1,5 % en Suède en 2020 contre 6,7 % en France.

Conclusion : le confinement strict reste bien une mesure moyenâgeuse mise en place du fait de l’absence de stratégie adaptée pour lutter contre une épidémie et de moyens pour le mettre en œuvre.

Dr Christophe Prudhomme

2 réflexions au sujet de « # Billet dur : confinement ? »

  1. C’est assez réducteur et c’est méconnaitre la culture scandinave.
    Le gouvernement a fait de nombreuses recommandations qui ont été suivie par la population car en Suède comme dans les autres pays du nord de l’Europe, il n’est pas nécessaire de promulguer des lois ou publier des décrets et mettre en place un système de sanctions pour que la population se responsabilise seule (contrairement aux pays plus latins).
    La culture protestante des de ces pays n’est pas à sous-estimer. La solidarité et la primauté du collectif sur l’individu sont des qualités importantes du protestantisme.
    Pour avoir vécu au Danemark je peux confirmer que la culture du respect des règles, l’aversion de se démarquer du reste de la population et la confiance en la politique et au système politique font totalement partie de leur culture. Ce qui peut à mon sens expliquer pourquoi il n’a pas été nécessaire de procéder à des confinement stricts comme ici.

    1. Une très bonne analyse en effet : la manière d’être « à la française », très culturelle, et extrême dans son individualisme, serait-t-elle compatible avec la manière de gérer la crise « à la scandinave » fondée sur un collectivisme implicite, nourri de responsabilité individuelle. Pas sûr.

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