Depuis le drame de la canicule de 2003, les nombreuses mesures de protection des personnes âgées ont permis d’assurer une prévention efficace des coups de chaleur à l’origine d’une forte mortalité.
Mais en 20 ans, la situation climatique a évolué et il ne s’agit plus de parler de canicule qui par définition est un phénomène exceptionnel, mais bien d’épisodes à répétition de fortes chaleurs, dont les conséquences sur l’ensemble de la population commencent à poser des problèmes.
Je voudrais vous parler aujourd’hui du fait que la chaleur fait très mauvais ménage avec de très nombreux médicaments. Or, aujourd’hui la population vieillit et les maladies chroniques deviennent la priorité en termes de santé publique, ce qui est illustré par le fait qu’elles représentent près des deux-tiers des dépenses de la Sécurité sociale.
Ce problème concerne plusieurs millions de personnes de plus de 50 ans qui prennent en général de nombreux médicaments pour rester dans le meilleur état de santé possible. Il s’agit notamment des maladies cardiovasculaires et plus particulièrement de l’hypertension artérielle et de l’insuffisance cardiaque.
Un exemple de médicaments qui posent problème en cas de forte chaleur sont les diurétiques, c’est-à-dire des produits qui permettent d’éliminer l’eau en excès dans l’organisme en augmentant le volume des urines.
Il est facile de comprendre que quand il est conseillé de boire beaucoup car on sue abondamment et que dans le même on augmente l’élimination de cette eau, l’équilibre qui est recherché devient précaire et peut facilement être rompu.
La conséquence est un surdosage en médicament qui peut se traduire par exemple par une baisse de la tension avec un malaise, puis dans certains cas une chute et une fracture du col du fémur. Il en va de même pour le diabète, car quand il fait chaud, on mange moins et sans diminution des doses d’antidiabétiques, en cachet ou sous forme d’insuline, l’hypoglycémie menace.
L’enjeu aujourd’hui est l’information sur ces problèmes dont manquent souvent les patients. En effet, les médecins, trop souvent débordés, ne prennent pas le temps d’informer sur les effets secondaires des médicaments et en particulier sur la nécessité d’adapter les doses de certains d’entre eux dans certaines circonstances.
Il s’agit d’une partie de la médecine appelée éducation du patient, encore trop souvent négligée. Elle est essentielle, car il n’a y a rien de pire que d’arrêter de soi-même un médicament car on pense mal le supporter.
Il est urgent que les médecins, infirmières et pharmaciens prennent cette question à bras le corps car il s’agit d’un aspect essentiel en termes de qualité de la prise en charge de leurs patients. Ces derniers doivent également demander des conseils en étant parfois insistant car il faut savoir comment adapter son traitement et son mode de vie pendant les périodes de fortes chaleurs quand on prend des médicaments.
Dr Christophe Prudhomme