#Billet dur : à qui la fraude ?

Non ce n’est pas un poisson d’avril !

Dans le climat politique ambiant qui consiste à accuser les assurés sociaux, les chômeurs, les parents etc. d’abus qui mettraient notre système de protection sociale en danger, il est bon de regarder de près les chiffres fournis dans le rapport annuel de l’Assurance maladie sur les fraudes.

Le premier sujet de satisfaction est que cette question est maintenant traitée de manière adaptée avec des moyens conséquents mis à disposition avec 1 500 agents mobilisés. Le montant des fraudes détectées et stoppées est de 466 millions d’euros alors qu’il n’était que de 286 millions en 2019.

Il faut noter tout d’abord que cette somme est faible par rapport aux 250 milliards de dépenses de l’assurance maladie. Par ailleurs la Cour des comptes estime les fraudes à l’assurance maladie à un peu plus de 4 milliards, soit la moitié de la fraude aux cotisations sociales due aux employeurs.

Regardons maintenant de plus près quels sont les responsables de ces fraudes. Les assurés représentent 19,5 % du total, les offreurs de soins 70 % et les établissements de santé 9,6 %. Autre élément important à noter, la plus forte hausse entre 2022 et 2023 est celle concernant les offreurs de soins.

Au sein de ces derniers les pseudo-centres de santé ophtalmologiques et dentaires ont vu leur part augmenter de 1 000% avec la fermeture de très nombreuses structures accompagnée d’actions en justice contre leurs dirigeants. Les audioprothésistes sont également dans le collimateur.

Ces chiffres permettent de balayer les arguments du gouvernement qui désignent toujours les assurés sociaux comme boucs émissaires alors que ce sont les offreurs de soins qui sont de très loin les principaux responsables.

Si le gouvernement évite le débat sur cette question, c’est parce que les possibilités de fraudes sont directement liées à la politique d’ouverture au marché de pans de plus en plus importants de notre système de santé. En effet, après l’ouverture de la dépendance avec les EHPAD et de la biologie médicale à des investisseurs financiers, la même possibilité à été ouverte pour l’ophtalmologie et le dentaire avec une solvabilisation des patients par la Sécu avec le fameux 100 % d’E. Macron.

Ces prédateurs qui sont animés d’un appétit sans limite pour les fonds publics se sont gavés pendant des années et heureusement que le ménage commence à être fait. Cependant, il faut insister sur le fait qu’il faut plutôt prévenir que guérir.

La bonne solution est de supprimer l’ouverture au marché de pans entiers de notre système de santé.

Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter car différents rapports institutionnels pointent du doigt les dangers de ce qui est appelé la financiarisation du système de santé.

Un autre argument important est que si les fraudes dans le système actuel n’étaient pas si faciles, il serait possible de diminuer le nombre de personnes affectées au contrôle qui a fortement augmenté, pour le réaffecter sur les centres d’accueil qui ferment en masse et qui laissent de nombreux assurés sociaux dans la détresse, sans plus aucune possibilité de contact physique en cas de problèmes qui ne peuvent être résolus par des services en ligne.

Dr Christophe Prudhomme

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