# Billet doux : urgences, le bilan 2019-2023

En 2019, un mouvement avait mobilisé les services d’urgences puis s’était étendu à tout l’hôpital public.

Les revendications portaient sur trois questions : des effectifs supplémentaires, des augmentations de salaires et l’arrêt des fermetures de lits et de services.

Les conséquences des dysfonctionnements des services d’urgence avaient déjà été pointés par la communauté médicale sur la base d’études scientifiques validées, indiquant que le retard à l’hospitalisation des patients restant sur des brancards dans les services d’urgence pouvait être à l’origine d’une surmortalité de 10 % tous patients confondus et pouvait atteindre 30 % pour les patients nécessitant des soins intensifs.

La gravité de la situation et la nécessité de corrections urgentes était donc connue et nous n’avions pas besoin d’études réalisées par des cabinets d’audit, tels McKinsey.

Toute l’année 2019, le gouvernement est resté sourd aux demandes des hospitaliers soutenus très largement par la population.

Puis la crise COVID est arrivée et a mis en évidence de manière brutale la situation de tension du système hospitalier, manquant de matériel, de médicaments et surtout de lits.

Le personnel s’est mobilisé sans grand soutien des autorités qui n’avaient à leur offrir que des « remerciements ».

Dès la fin de la période COVID, hormis les quelques mesures du fameux Ségur de la santé ne permettant même pas de rattraper les pertes de rémunération liées au blocage des salaires depuis 2010, la même politique de restrictions budgétaires s’est remise en place.

En ce qui concerne les effectifs, la situation s’est aggravée avec la catastrophe de Parcoursup pour les écoles professionnelles de santé, se traduisant par une explosion du taux d’abandon et d’échec, notamment dans la filière infirmière.

Face à la dégradation des conditions de travail et l’absence d’espoir d’une amélioration, les démissions et les abandons du métier se sont accélérés avec un constat catastrophique : 200 000 infirmier.e.s en âge de travailler ont abandonné le métier.

En ce qui concerne les rémunérations, nous ne pouvons que constater que l’utilité sociale des métiers essentiels du monde la santé n’est pas prise en compte avec des salaires très en dessous de la moyenne de ce qui existe pour d’autres professions à même niveau d’études et sans la pénibilité liée aux horaires décalés, ainsi qu’au travail de nuit, les week-ends et les jours fériés.

Enfin, en ce qui concerne les lits, d’année en année nous constatons la poursuite des fermetures avec un bilan pour E. Macron qui se monte maintenant à plus de 20 000 lits supprimés.

Le bilan aujourd’hui est sans appel : alors que ces dernières années, les difficultés, notamment dans les services d’urgences, ne concernaient que quelques hôpitaux, cette année c’est la quasi-totalité d’entre-eux qui est en situation de rupture.

Les conséquences sont également connues, ce sont ce que les médecins appellent des morts évitables.

Dr Christophe Prudhomme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *