# Billet doux : Qui pour nous soigner demain ?

La question des déserts médicaux fait la une de l’actualité depuis des années.
Cependant celle des infirmier.es est rarement évoquée alors que la crise que connaît actuellement les hôpitaux est principalement liée au manque de cette catégorie de professionnels. Pour exemple, environ 20 % des lits sont fermés dans les hôpitaux parisiens par manque de personnel infirmier.
Autre indicateur inquiétant, 200 000 infirmier.es en âge de travailler ont abandonné le métier et 29 % de ceux-elles en poste envisagent de démissionner dans les 5 ans. Plusieurs causes ont été identifiées sans être prises en compte par le gouvernement. Il s’agit de celle des conditions de travail, des salaires et de la pénibilité.
Mais, depuis peu, le signal d’alerte s’est déplacé au niveau des Instituts de formation avec des taux d’abandon et d’échec au niveau des études qui frôle les 40 % dans certaines régions.
Le mode d’entrée par Parcoursup est une des causes identifiées mais une étude récente, très significative au regard du nombre de réponses, publiée par la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) apporte des éléments supplémentaires très inquiétants.
Il y a tout d’abord une problématique qui touche tous les étudiant.es mais encore avec plus d’acuité la filière infirmière, c’est celle de la précarité avec plus de 58 % des étudiant.es qui doivent travailler à côté de leurs études. La conséquence est dramatique car 1/3 des étudiant.es expliquent qu’ils doivent faire le choix entre manger et payer leur loyer.
Plus inquiétant est la mise en lumière de ce qui est défini de manière très claire comme du harcèlement et de la maltraitance en stages alors que ces derniers constituent une partie essentielle de la formation dans cette filière professionnalisante.
Le harcèlement concerne 31,7 % des enquêtés et ce qui est particulièrement grave est que dans 2/3 des cas ce sont les soignants qui sont en cause.  Tout ceci a un retentissement sur la santé des étudiant.es.
En ce qui concerne la santé mentale, il existe une véritable explosion des chiffres par rapport à une autre enquête réalisée en 2017, avec 61,4 % des interrogés qui se considèrent comme concernés, indiquant en détail des crises d’angoisse dans près de 50 % des cas, une dépression dans près de 30 % des cas et des idées suicidaires dans 16 % des cas.
Par ailleurs, près de 40 % indiquent un état de santé physique dégradé avec des douleurs obligeant à des prises d’antalgiques plusieurs fois par semaine, voire quotidiennement. Ceci est particulièrement inquiétant car les personnels de santé savent très bien les risques pour leur propre santé de cet abus de médicament.
Les conséquences pointées en conclusion de cette enquête sont catastrophiques avec près de 60 % des étudiant.es qui ont pensé à arrêter leur formation. Les trois motifs évoqués sont : le manque d’encadrement, la détresse financière et la violence institutionnelle. Il y a donc urgence si nous voulons demain avoir des infirmier.es pour nous soigner de prendre soin des futur.es professionnel.les en corrigeant radicalement cette situation inadmissible.
Dr Christophe Prudhomm

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