# Billet doux : les patients sont-ils la priorité ?

Alors que l’accès aux soins devient de plus en plus difficile et ne cesse de s’aggraver du fait de l’absence de volonté de traiter les vrais problèmes depuis plusieurs décennies, nous assistons à des négociations complètement hallucinantes entre l’Assurance maladie et les représentants des médecins.
La baisse du nombre de médecins, plus particulièrement des généralistes, a été sciemment organisée et se poursuit sans aucune inflexion.
En effet, lors du choix des spécialités, la médecine générale n’est pas la plus prisée au regard des conditions de travail et du différentiel de rémunération avec de nombreuses autres spécialités.
Par ailleurs, le maintien de la rémunération à l’acte sclérose le système, alors que les patients du 21e siècle ne sont plus ceux du début du 20e siècle où ce mode de paiement a été mis en place.
Aujourd’hui, plus de 60 % des dépenses de la Sécurité sociale concernent des patients généralement de plus de 50 ans atteints de maladies chroniques qui se soignent mais ne se guérissent pas.
Leur prise en charge nécessite la collaboration d’une équipe de professionnels de santé qui doivent collaborer étroitement et intervenir de manière régulière. Ainsi empiler des actes souvent sans véritable coordination aboutit à un résultat médiocre alors que dans le même temps sont multipliés les actes techniques coûteux et pas toujours utiles.
La situation actuelle n’est plus acceptable avec 6,5 millions personnes sans médecin traitant dont plus de 600 000 atteints d’affections de longue durée. L’accès aux spécialistes est de plus en plus difficile avec la généralisation des dépassements d’honoraires qui entraînent un renoncement aux soins ou des prises en charge retardées à l’origine d’une dégradation de l’état de santé des patients concernés.
La réponse actuelle est un palliatif de mauvaise qualité avec des centres de soins non programmés et des téléconsultations qui sont une sorte d’ubérisation de la médecine qui ne permet pas un suivi régulier que seul un médecin traitant attitré et disponible est capable d’assurer.
Dans ce contexte, focaliser les négociations autour de la seule augmentation du montant de la consultation à 50 euros est une grave erreur.
Au regard des expériences menées et des expressions des jeunes médecins, il apparait évident qu’il est indispensable de réfléchir conjointement à une modification du mode d’exercice des médecins et de leur mode de rémunération.
L’exercice dans des structures collectives pluri-professionnelles montre son efficacité, avec une grande satisfaction des professionnels quant à la qualité de leur exercice.
Par ailleurs, le salariat attire de plus en plus. Il a comme avantage d’être débarrassé de toutes les tâches de gestion et d’organisation qu’impose l’exercice libéral classique.
N’en déplaise à certains le salariat n’a rien de dégradant et n’implique pas une perte de liberté des professionnels. En effet, les statuts de salariés peuvent être variés, depuis celui de fonctionnaire jusqu’à celui de salarié d’une structure coopérative gérée par les salariés eux-mêmes.
Face à la gravité de la crise actuelle, une politique de rupture est nécessaire autour de deux axes : une réponse aux besoins des patients qui doit être la priorité et une amélioration des conditions de travail et de rémunération des professionnels de santé.
Dr Christophe Prudhomme

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