#Billet doux : nous manquons de sages-femmes

Alors que des maternités ferment par manque de gynécologues-obstétriciens, nous manquons aussi de sages-femmes dans les hôpitaux. Cela n’est pas étonnant au regard de la manière dont ce métier essentiel pour la santé des femmes est aussi peu valorisé. Si sur le papier les sages-femmes sont considérées comme du personnel médical avec des études qui durent maintenant 6 ans, le salaire d’embauche dans la fonction publique hospitalière n’est que d’un peu plus de 1 800 euros nets. Il ne faut donc pas s’étonner si nous assistons à une fuite de ces professionnelles de l’hôpital pour un exercice en libéral. Ainsi la part des sages-femmes travaillant dans les établissements hospitaliers ne cesse de baisser avec un phénomène d’épuisement professionnel inquiétant touchant près de 40 % des salariées.

Cette situation est à l’origine d’une désaffectation pour ces études. En 2022, 20 % des places restaient vacantes dans cette filière de formation avec un pic à 37 % en Ile-de-France. Ce phénomène a été accéléré par la fusion de la première année d’études avec celle de médecine qui de fait institue une hiérarchie des choix en faveur de cette dernière.

A cela s’ajoutent des conditions d’études très difficiles comme le montre une enquête récente de l’Association nationale des étudiant.e.s sages-femmes Elle alerte sur le coût des études avec des frais de logement et de transport très élevés. Il est ainsi estimé que les étudiantes parcourent en moyenne 25 700 km pour aller en stage durant leur cursus, ce qui représente une dépense estimée à 12 850 euros. En compensation, les étudiantes peuvent percevoir une indemnité mensuelle de 130 euros brut.

Par ailleurs, seul un quart des terrains de stage propose aux étudiants un logement et seulement 18 % le font à titre gratuit. A cela s’ajoute la faiblesse des indemnités de stage qui s’établit à 3 277 bruts sur 12 mois en 4e année et à 4 034 euros brut sur 10 mois en 5e année, soit moins de 3 euros de l’heure.

Comme pour tous les autres métiers du soin, il est urgent que des mesures fortes soient prises par le gouvernement pour revaloriser celui de sage-femme pour éviter une catastrophe sanitaire. En effet, les indicateurs de santé publique de la France tant au niveau de la mortalité des mères que celle des nouveau-nés nous placent en queue de peloton des pays de l’OCDE.

Par ailleurs, alors que le domaine de compétence des sages-femmes vient d’être élargi, notamment au niveau de la pratique des IVG, l’aggravation du déficit démographique renverrait l’inscription de la liberté de recourir à l’IVG à une simple déclaration d’intention sans réalité effective.

Les solutions existent avec les contrats d’études assurant une rémunération pendant les études contre une obligation de servir pendant un nombre d’années défini. Par ailleurs, une durée d’études de 6 ans implique un salaire d’embauche au minimum au même niveau de ceux proposés avec un diplôme d’ingénieur ou d’une école de commerce, soit 2 600 euros nets mensuels.

Dr Christophe Prudhomme

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