La crise du coronavirus a montré l’importance du maillage territorial assuré par les pharmacies.
Il a en effet permis d’assurer un accès aux tests de dépistage et à la vaccination en proximité, ce qui n’était pas toujours le cas des centres de vaccination.
Par ailleurs, ces derniers ont nécessité une logistique importante et coûteuse alors que quelques tentes sur la voie publique devant les officines ont permis de travailler rapidement et efficacement.
Ceci n’a été possible que par l’existence d’un régime de planification administrative de l’installation qui permet que 4 personnes sur 5 ont un accès à une pharmacie dans leur commune et que 97 % de la population vit à moins de 10 minutes en voiture d’une officine.
Cependant, nous pouvons être inquiets pour l’avenir car la réforme du premier cycle des études en santé est une catastrophe avec, en 2022, un tiers des places en deuxième année d’études de pharmacie qui n’ont pas été pourvues.
La raison est que la pharmacie a fini par être vue comme une voie de garage, un plan B aux études de médecine. Or ce métier est essentiel dans notre système de santé avec un enjeu majeur de réaffirmation du rôle et de la place du pharmacien d’officine aux côtés des médecins, du fait de l’évolution des besoins qui sont aujourd’hui centrés sur la prise en charge de maladies chroniques, parfois multiples, chez des patients vieillissants.
Comme le souligne l’Assurance maladie, son rôle est de « participer aux actions de prévention, d’assurer un premier recours de soins et de participer à l’efficience du parcours de soins ».
Au-delà de ce langage technocratique, nombreux sont les patients qui considèrent que leur pharmacien est le professionnel de santé le plus accessible et le plus disponible pour répondre à leurs questions et les conseiller. Il est donc urgent de se préoccuper de l’attractivité de ce métier, en insistant sur son rôle de soignant et sur la nécessité de l’élargissement de son domaine d’intervention dans le parcours de soin des patients.
Il y a là un enjeu politique majeur en termes de service public de proximité pour l’ensemble de la population.
On peut craindre que les libéraux qui nous gouvernent voient d’un très bon œil une évolution vers des réseaux commerciaux intégrés à la grande distribution, transformant les officines actuelles en de simples comptoirs entre le rayon épicerie et celui des produits ménagers.
Les représentants de la profession ont bien senti le danger et se sont engagés pour obtenir un élargissement de leur rôle auprès des patients.
Ils se heurtent malheureusement à une partie de la corporation médicale qui les considèrent comme des concurrents qui viendraient marcher sur leurs plates-bandes.
Cette attitude est inacceptable, ce d’autant que cette même corporation refuse toute régulation de l’installation et laisse une partie de la population à l’abandon.
L’avenir de notre système de santé ne peut reposer que sur une coopération entre l’ensemble des professionnels, au plus près de la population dans les territoires.
Il est de la responsabilité de l’Etat de maintenir les près de 20 000 pharmacies maillant le territoire national et de s’inspirer de ce modèle pour les autres métiers de la santé, notamment les médecins.
Dr Christophe Prudhomme