# Billet doux : Associations médicamenteuses : danger !

Nous avons la chance en France de disposer de la Sécurité sociale qui couvre l’ensemble de la population et dispose ainsi d’une foule d’informations qui sont très utiles pour étudier l’état de santé des assurés sociaux.

Ainsi une vaste étude de l’Assurance maladie a mis en évidence un risque d’hospitalisation 2,5 fois plus important chez les patients exposés à des associations médicamenteuses contre-indiquées. Afin d’en connaître les causes et de pouvoir proposer des corrections, une équipe de chercheurs français a mené une étude en s’appuyant sur les outils informatiques de l’Assurance maladie qui ont permis d’obtenir un échantillon représentatif de la population de plus de 18 ans, soit 150 000 personnes ayant eu au moins un remboursement de médicaments dans l’année 2016.

Les résultats sont édifiants. Sur la période, 967 patients ont été nouvellement exposés à une association médicamenteuse contre-indiquée, parmi lesquels 177 ont été hospitalisés au moins une fois (certains plusieurs fois avec au total 254 hospitalisations). L’âge médian de ces patients était de 70 ans, avec 60 % de femmes. Plus grave, 17 patients sont morts pendant l’étude.

Les risques liés aux associations de médicaments sont principalement cardiaques (insuffisance cardiaque, troubles du rythme potentiellement mortels), des surdosages (notamment avec les médicaments contre la goutte ou contre le cholestérol). Autre élément important mis en avant est le fait que les médicaments les plus souvent impliqués sont des antidépresseurs.

Une des limites de cette étude est qu’elle ne prend pas en compte les médicaments non remboursables avec lesquels il faut être particulièrement prudent, car ils présentent souvent plus d’inconvénients que d’avantages. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle ils ne sont pas remboursés ! Ce qui montre l’incohérence des autorités sanitaires qui n’osent pas interdire la vente de ces produits face aux lobbys pharmaceutiques alors qu’ils sont potentiellement dangereux.

Mais le plus important est qu’elle montre la possibilité d’action de chaque professionnel de santé, médecin, pharmacien ou infirmier, pour protéger les patients face à ces associations dangereuses. Le mode d’organisation actuel de notre système de santé montre cependant des limites.

Le manque de médecins généralistes est à l’origine de temps de consultation raccourcis, voire en téléconsultation, avec des renouvellements d’ordonnance incluant des médicaments prescrits par des spécialistes sans toujours de réévaluation de leur contenu.

L’absence d’utilisation d’un dossier médical synthétique accessible malgré les multiples promesses faites ces dernières années et encore tout récemment avec « Mon Espace Santé » doit être également souligné. Bref, il est nécessaire que les professionnels de santé apprennent à mieux travailler ensemble en utilisant les progrès techniques avec des outils informatiques permettant d’afficher des drapeaux rouges sur les ordonnances. Mais surtout, il faut qu’ils prennent plus de temps pour écouter les patients, les informer et les conseiller. C’est ce qui manque le plus aujourd’hui.

Dr Christophe Prudhomme

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