Le Comité consultatif national d’éthique a jugé qu’une « aide active à mourir » pourrait s’appliquer en France. Cette information a immédiatement été saisie par le Président de la République pour indiquer qu’une nouvelle loi pourrait être mise en chantier.
Cette question est légitime du fait des différences de législation en Europe entraînant des déplacements en Belgique ou en Suisse pour accéder à des procédures plus actives que ce qui existe actuellement en France.
Par contre, la question de la fin de vie ne peut se limiter au « pour » ou « contre » l’euthanasie, ce d’autant qu’il existe en France la loi Clayes-Leonetti qui n’est pas utilisée dans toutes ses dimensions.
Preuve en est ce médecin qui avait été condamné pour l’utilisation en ville d’un sédatif normalement réservé au domaine hospitalier. Aberration du système, alors que sont privilégiés les soins à domicile et que l’indication était complètement justifiée en termes de soulagement du patient lors de sa fin de vie.
Nous souffrons aujourd’hui dans notre pays d’un sous-investissement dans les soins palliatifs, et d’une méconnaissance de la législation, tant par les patients que par les médecins.
Il faut que les patients désignent leurs personnes de confiance, discutent au sein de leur famille, avec leur médecin, pour écrire les directives anticipées les plus adaptées possibles, correspondant aux complications qu’ils pourraient rencontrer un jour.
En fait, avant de dire si la loi actuelle est adaptée ou pas, il faudrait déjà l’appliquer. Bref dans le débat qui va être lancé, il faut faire attention à ne pas céder aux émotions et distinguer ce qui est du domaine médical et du domaine sociétal.
C’est d’autant plus important qu’après la crise COVID dans les EHPAD et en période de difficultés économiques, il ne faudrait pas envoyer un message disant qu’on peut proposer l’euthanasie en cas de grande dépendance pour des personnes dont le poids deviendrait trop lourd pour la société.
En tout état de cause, les soignants ne souhaitent pas être instrumentalisés dans ce débat.
Leur rôle est de soulager les souffrances dans le cadre d’une prise en charge globale des patients intégrant le physique, le psychologique et le social.
Ils demandent d’avoir les moyens humains et matériels pour pouvoir travailler sereinement dans un cadre législatif laissant les plus larges possibilités d’adaptation à chaque situation individuelle
Les premières évolutions souhaitables sont de transférer très largement les compétences en soins de fin de vie aux professionnels de ville, car beaucoup de patients sont à domicile avec des pathologies chroniques à l’issue défavorable.
Il est essentiel que les médecins traitants aient le temps dans un environnement collaboratif pluriprofessionnel de gérer ces situations.
Ils connaissent leurs patients depuis des années, ils ont eu des confidences sur leurs volontés au fur et à mesure des consultations. Dans un tel cadre de travail commun entre médecin traitant et équipes hospitalières, il devrait aujourd’hui déjà être possible de répondre au mieux aux souhaits des patients.
Dr Christophe Prudhomme