#Billet doudou : Importation de médecins

Alors que notre système de santé est en train de s’effondrer, une des réponses du gouvernement est d’importer des médecins dans le cadre d’un dispositif d’immigration choisie.

De prime abord cette solution apparaît comme de bon sens mais, en fait, il s’agit une nouvelle fois d’instrumentaliser le débat pour ne pas aborder les vrais problèmes. Cette solution a déjà été mise en œuvre avec déjà près de 25 000 médecins avec un diplôme étranger exerçant en France, soit 10 % de l’ensemble des médecins en activité.

Par ailleurs près de 14 % des nouveaux inscrits chaque année sont dans le même cas. Mais ce chiffre a baissé ces dernières années car, si des arrivées importantes ont été constatées lors de l’entrée des anciens pays d’Europe de l’Est dans l’Union européenne, cette source à tendance à se tarir car ceux qui voulaient vraiment quitter leur pays l’ont déjà fait.

Par ailleurs, ils travaillent pour 60 % comme salariés dans les hôpitaux et s’installent peu en libéral. Enfin, de nombreux pays ayant mené la même politique que la France, des tensions démographiques sont présentes dans de plusieurs états européens.

Il reste alors les pays d’Afrique francophone et du Moyen-Orient., mais un grand nombre de médecins formés dans ces zones exercent déjà en France dans les hôpitaux sous des statuts qui confinent à de l’esclavagisme moderne.

Vouloir en attirer encore plus en France, c’est piller ces pays qui les ont formés et qui ont peu de chance de les voir revenir au regard des conditions politiques et économiques souvent précaires qui y règnent.

De plus, cette mesure s’insère dans un projet de loi aux mesures très restrictives en termes de durée de séjour sur le territoire français. En effet, il est prévu une procédure complexe d’aptitude à exercer uniquement dans les hôpitaux pour une durée d’un à quatre ans.

Ce dispositif s’il se veut attractif devra offrir des rémunérations et des conditions d’accueil pour les praticiens et leurs familles à hauteur de ce que sont en droit d’attendre des expatriés qui n’ont pas vocation à rester définitivement dans le pays.

Or visiblement cet aspect n’a pas été pris en compte. Plus important, le problème de la démographie médicale touche bien entendu l’hôpital mais surtout la médecine générale en ville.

Il s’agit donc encore d’un leurre pour éviter le vrai débat qui est celui de la mise en place d’un véritable service public de santé associant la médecine de ville et l’hôpital, dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire assurant une égalité de traitement de tous les citoyens quel que soit leur lieu de résidence.

Visiblement l’objectif du gouvernement est de laisser se dégrader encore plus la situation pour ouvrir la porte à un système privé pour ceux qui pourront se le payer.

Car la nature a horreur du vide et il sera facile aux assureurs de proposer des contrats permettant un accès privilégié et sans délai à des médecins agréés qu’ils auront recrutés.

Dr Christophe Prudhomme

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