Billet dur : #Accélération

Le billet d’humeur des conseillers Cgt qui siègent au Conseil de la Cnam. Retrouvez les chroniques de Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93 et conseiller Cgt au conseil de la Cnam.

Sous pression de l’industrie pharmaceutique, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoit de « permettre la mise à disposition des médicaments apportant une amélioration du service médical rendu aux patients dès l’obtention de l’avis de la Haute autorité de santé (HAS) ».

Ces autorisations accélérées de mise sur le marché de médicaments, obtenues dans le cadre de la législation imposée par l’Union européenne, posent de nombreux problèmes soulignés notamment par la revue Prescrire, seule revue médicale sans publicité de l’industrie pharmaceutique.

En effet, une équipe d’universitaires américains et suisses ont recherché quelle était la valeur thérapeutique de ces médicaments.

Le résultat est sans appel.

Entre 2007 et 2017, 268 médicaments ont été autorisés sur l’avis de l’Agence européenne du médicament, dont 39 selon une procédure accélérée.

Selon différents organismes d’évaluation des technologies de santé, seuls 31 % de ces médicaments avaient une valeur thérapeutique élevée.

L’autre sujet de préoccupation est l’indépendance des agences françaises chargées de ces procédures, notamment la HAS et l’Agence du médicament.

Même si des progrès ont été constatés à la suite d’un très grand nombre de scandales, les conflits d’intérêt restent nombreux, preuve en est les nombreuses anomalies relevées régulièrement dans les déclarations des médecins concernés.

Le dernier exemple en est le Remdésivir, un antiviral proposé par le laboratoire Gilead contre le COVID-19 en 2020 à un prix très élevé (420 fois son prix de fabrication !).

L’Europe a montré un « enthousiasme » suspect en passant une précommande très rapidement et un certain nombre de pays ont dépensé plus de 200 millions d’euros pour ce médicament qui en fait s’est révélé inefficace, ce que certains avaient pointé dès le départ.

Heureusement, la France à l’époque avait attendu et n’avait finalement pas commandé ce produit.

Mais demain avec le nouveau mécanisme prévu dans le PLFSS, cette précaution ne sera plus de mise.

Dr Christophe Prudhomme

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