# Billet dur : Profiteurs

Une des raisons de la dégradation de notre système hospitalier est la mainmise d’intérêts privés dans des activités qui ne peuvent et ne doivent pas relever du secteur marchand.

Voici trois exemples des conflits d’intérêts d’un certain nombre d’élus ayant des mandats leur permettant d’intervenir dans le secteur.

Premièrement, le Conseil régional d’Ile-de-France présidée par Valérie Pécresse vient d’octroyer près de 450 000 euros de subventions au premier groupe de cliniques privées français, Ramsay-Générale de santé, pour installer deux centres de santé au sein de leurs établissements.

Rappelons que ce groupe est largement bénéficiaire et a même vu ses résultats progresser en 2020, en pleine crise sanitaire. Deuxièmement, l’adjoint à la mairie de Paris chargé de l’urbanisme a été rémunéré pour une « mission » par le groupe immobilier Novaxia, société qui a remporté le contrat de transformation de l’hôpital Hôtel-Dieu à Paris en centre commercial.

Il vient de se retirer de cette mission mais on apprend qu’il est également impliqué dans un autre groupe immobilier du nom de Gécina.

Troisièmement, en Seine-Saint-Denis, nous découvrons une association présidée par une sénatrice dont l’objet est de développer les soins de proximité et la recherche en cancérologie en Seine-Saint-Denis.

Intention louable si cette association ne venait pas d’être intégrée dans le groupe de coopération sanitaire de cancérologie du 93 associant des hôpitaux et des cliniques, qui vise à sortir d’une gestion exclusivement publique un certain nombre d‘activités, dont la radiothérapie, éminemment rentable en secteur privé.

Cet aperçu du comportement de certains élus porte un éclairage brutal sur la nécessité d’un contrôle citoyen sur ceux qui sont appelés encore les représentants du peuple mais qui, de fait, profitent de leur position pour défendre des intérêts particuliers et en tirent parfois des bénéfices personnels directs.

Quand s’ajoute à cela la porosité entre les cadres du ministère des finances avec les directions des entreprises, nous ne pouvons que constater que le ver est dans le fruit et pourrit notre démocratie.

Il est indispensable de ne pas se résigner face à la banalisation par certains de ces dérives poussant à une certaine résignation, en pensant qu’il est impossible d’y mettre fin.

Et bien non, il faut que cela change et que nous nous donnons les moyens de nettoyer ce que nous pouvons qualifier de véritables écuries d’Augias.

Dr Christophe Prudhomme

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