Le billet d’humeur des conseillers Cgt qui siègent au Conseil de la Cnam. Retrouvez les chroniques de Christophe Prudhomme, médecin au Samu 93 et conseiller Cgt au conseil de la Cnam.
Chacun souhaite rester le plus longtemps possible à son domicile, que ce soit dans le cadre de maladies chroniques ou du fait d’une perte d’autonomie.
C’est la raison pour laquelle a été mis en place l’hospitalisation à domicile (HAD).
Ce concept représente un progrès majeur dans la prise en charge des patients. Cependant aujourd’hui, entre la théorie et la pratique, le fossé se creuse et trop souvent les patients ne bénéficient pas d’une prise en charge répondant à l’ensemble de leurs besoins.
Si les différents intervenants médicaux et paramédicaux font leur possible, leur disponibilité est souvent limitée en dehors de leurs visites programmées.
Débordés, ils sont la plupart du temps incapables de répondre en cas de problème dans la journée et l’absence de système de garde la nuit et le week-end entraîne trop souvent l’appel au SAMU avec comme seule réponse un transport aux urgences.
La désorganisation de notre système de santé s’aggrave que ce soit en ville et à l’hôpital.
Bien entendu nous manquons de médecins et plus globalement de personnels de santé mais il existe aussi des problèmes d’organisation que l’État se refuse à traiter, se focalisant sur le fameux « déficit de la Sécurité sociale ».
L’HAD est un bon exemple pour montrer ce qu’il faut changer.
Il est urgent de réorganiser les choses en ne séparant pas d’un côté la médecine de ville et de l’autre côté l’hôpital.
Pour cela, il est nécessaire d’analyser les besoins de la population dans chaque territoire et d’y répondre par des mesures et des moyens adaptés qui ne sont pas forcément les mêmes selon les territoires.
Par ailleurs, le mode de rémunération des professionnels de santé, tant en ville qu’à l’hôpital, malgré quelques évolutions, reste majoritairement une facturation à l’acte ou à l’activité, ce qui ne permet pas d’adapter la prise en charge de patients de plus en plus complexes pour lesquels la réponse ne peut être l’empilement de prestations, mais une coordination d’intervenants de multiples professions.
Enfin, il faut bien comprendre que les malades qui restent à leur domicile ont besoin que l’on puisse répondre à leurs besoins 24 h sur 24 h, tous les jours de la semaine et pas seulement aux heures ouvrables.
Dr Christophe Prudhomme