La particularité d’E. Macron est de vouloir se passer de l’administration d’État et de faire appel à ses amis des cabinets de consultants.
Quand je dis ses amis, il faut bien comprendre qu’une bonne partie des ministres, des membres de leurs cabinets et des responsables nommés dans les Agences Régionales de Santé ainsi qu’à l’Assurance Maladie viennent de ce monde et s’y recyclent quand ils perdent leur poste dans l’administration.
Le meilleur exemple est l’appel au cabinet McKinsey pour gérer la stratégie vaccinale. Une information qui n’a pas été suffisamment mise en avant est particulièrement éclairante sur l’incompétence de ces consultants sortis des écoles de commerce.
Il faut savoir que si la France a été en retard sur sa campagne de vaccination c’est parce que ces joyeux drilles avaient oublié dans leur très coûteux rapport l’achat des aiguilles pour pouvoir injecter les vaccins.
Au-delà de cet épiphénomène, ces cabinets sont aujourd’hui partout pour soi-disant réorganiser le système de santé et les hôpitaux. Ce sont eux qui ont préconisé le fameux « tout ambulatoire » qui s’est traduit par la suppression massive de lits dans les hôpitaux.
C’est pour eux qu’Olivier Véran, ancien ministre de la Santé et reconduit à un autre poste dans le nouveau gouvernement, a débloqué 650 millions d’euros pour la fameuse santé numérique qui nous est présentée comme la solution pour résoudre tous les problèmes, notamment le manque de médecins et de personnels soignants.
Un autre exemple particulièrement éclairant est celui de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris dirigé par M. Hirsch qui a fait appel à plusieurs cabinets (Capgemini, Roland Berger, Boston Consulting Group) pour notamment la gestion des besoins en personnels et matériel.
Là aussi le résultat est catastrophique avec actuellement 1 500 postes d’infirmières vacants dans cet établissement, obligeant à fermer près de 20 % des lits. Un autre exemple des conseils de ces consultants est le fameux lean management ou en bon français « gestion allégée » dont la conséquence est ce qu’on appelle les hospitalisations brancards dans les services d’urgences à l’origine de la mort de patients par défaut de surveillance.
Le constat est clair, il nous faut une rupture avec cette logique politique de sous-traitance de l’administration d’État et des établissements publics à des sociétés privées dont la conclusion de leurs rapports est déjà fixée dans le bon de commande : supprimer des postes de fonctionnaires, sous-traiter au secteur marchand les missions des administrations pour ensuite récupérer les activités des services publics les plus lucratives.
Leurs conclusions sont connues d’avance. Le gouvernement nommé par E. Macron en est un repaire.
Dr Christophe Prudhomme