Au feu : les pyromanes !

« Si ça continue : t’as qu’à te mettre en arrêt ! » : la phrase est connue. On l’a tous entendue. Le réflexe « arrêt de travail » est parfois devenu automatique : c’est vrai.

À tel point que le fait de « se mettre en arrêt » semble avoir fait oublier qu’il existait aussi des syndicats organisés pour se défendre des agressions d’un travail intenable, bête voire méchant (pensez à vous syndiquer).

Résultat n°1 : les taux d’arrêts de travail dépassent parfois les 20% dans les ELSM et les CPAM; et les indemnités journalières (l’argent versé par l’Assurance Maladie en remplacement du salaire) flambent !

En juin 2018, la hausse des prescriptions d’arrêt de travail était de +5,1% au cours de 12 derniers mois pour un montant de 10,5 milliards d’euros.

Résultat n°2 : le régime Macron, qui n’est jamais avare d’une facétie (seul domaine dans lequel ces types ne sont pas radins : voir aussi l’affaire Benalla…), propose de refiler aux entreprises le soin de payer à leurs salariés les 8 premiers jours d’indemnités journalières (IJ) : lire l’article du Monde !

Après la suppression de la Sécurité Sociale dans la Constitution de la 5e République (au profit de la référence à une protection sociale synonyme de banques et d’assurances), l’extrémisme reste en marche :

La Cgt souhaite aussi apporter sa pierre en proposant 4 solutions d’économies sur les IJ, tout aussi innovantes que celles du gouvernement :

  1. Confier les 30 premiers jours d’arrêt aux entreprises. Comme cela, il ne restera quasiment plus rien à payer par l’Assurance Maladie et on pourra acheter des actions Google® ou Facebook® avec l’argent épargné !;
  2. Vendre les ¾ du service médical de l’Assurance Maladie à Axa et à Allianz (les 2 principaux assureurs européens) : ces 2 Start-Up pourraient ainsi le rendre plus compétitif dans les domaines du contrôle des salariés et du « work incitative », plus communément appelé « marche ou crève » en français ;
  3. Confier à la direction de la communication de l’Assurance Maladie (Dicom), spécialiste reconnue des arrêts de travail, l’organisation d’une campagne de pub avec pour slogan : « souffrance au travail : le bon traitement, c’est la souffrance ! »
  4. Optimiser le coût de cette campagne en délocalisant sa réalisation dans un pays lointain (exemple : la Roumanie ou la Moldavie) de sorte que l’Assurance Maladie n’aurait pas à payer de cotisations sociales pour cette campagne qu’elle paiera…. avec les cotisations des assurés sociaux… (génial non ?)

Et dire qu’au lieu de nous remercier pour ces innovations, on va encore nous traiter de « cyniques, d’extrêmes » et peut-être de « fainéants » ?! Quelle injustice •

** les 3 jours de délais de carence inclus (tout le monde n’ayant pas la chance comme à la Cnam d’avoir des syndicats Cgt ayant obtenu que les IJ soient versées dès le 1er jour arrêt de travail (on parle de subrogation).